Le groupe Louboutin perd son indépendance
Télégrammisation
Le magnat de la presse nantaise, Citizen Louboutin, vient d’adosser son titre phare, Le Nouvel Ouest, au Télégramme de Brest. Hervé l’embrouille transfère ainsi au journal breton les petits soucis financiers que lui cause ce canard boiteux.
Les frères Coudurier, propriétaires du Télégramme de Brest et fondateurs de l’Hebdo de Nantes, viennent de prendre 10% du Nouvel Ouest, le quinzomadaire économico-pipeul et magazine régionalo-droitier de Louboutin. Le journal breton sauve ainsi la mise à ce canard plombé, vitrine légale du cirage de pompes le plus reluisant, qui tient debout depuis trois ans grâce à la complaisance intéressée de quelques grands patrons négligents ou très mal informés.
Cette faute de goût traduit, semble-t-il, le désarroi des dirigeants du Télégramme, déboussolés par les difficultés que rencontre L’Hebdo de Nantes à trouver son public. L’Hebdo vend en effet 2 700 exemplaires, de source très autorisée, chaque semaine contre les 10 000 escomptés
et vient de faire appel à un grand professionnel de la profession, Charles Baudinat, un ancien de France-Soir et d’Antenne 2 pour muscler sa formule. Le Télégramme, qui réussit plutôt bien sur le web avec son cityguide Viva Nantes, et lorgne sur la télé, se cherche des appuis sur la place pour pouvoir afficher la légitimité qui lui fait défaut.
L’Hebdo avait été lancé, l’an dernier, dans la perspective d’un rapprochement entre Ouest-France et Presse-Océan. Manque de bol, l’affaire ne s’est pas faite au dernier moment. Le coup parti, il a fallu tenter de se trouver une place entre les deux quotidiens, plus que jamais concurrents. Pas facile, et L’Hebdo, faute de moyens et de positionnement clair, n’a jamais décollé. Un rapprochement avec Presse-Océan a, un moment, été envisagé, pour donner un peu d’oxygène au petit hebdomadaire. Sans succès. Ce serait donc par dépit et faute de mieux que Le Télégramme, via la société Manche Atlantique Presse, se serait alliée avec Louboutin, qu’Hubert Coudurier affirmait pourtant l’an dernier « tenir à bout de gaffe », tant il sentait le soufre à Nantes. L’attelage a de grandes chances de réussir… à Louboutin, dont Le Nouvel Ouest était une nouvelle fois à l’agonie avant la quatrième augmentation de capital à laquelle Le Télégramme vient de souscrire. Il n’est pas certain, en revanche, que le journal de Morlaix y trouve son compte, sauf peut-être une place dans une des académies bidons dont Loulou le boutin, ce grand faiseur devant l’éternel, a le secret.
Félicity Mague
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