Il est déconseillé de prendre les avions en marche
Notre-Dame-des-Glandes
Nouveau conseiller général dans la zone de Notre-Dame-des-Landes, Hervé Bocher ne maque pas d’air. Il prend son envol par un grand début public.
À en croire Nantes Passion de décembre 2000, c’est déjà fait. Les ulldozers à perine essouflés d’avoir transformé tant de mauvaise herbe à vache inutile en magnifiques pistes à jolis n’avions, les jets prendront possession du tarmac. Enfin, vers 2010. Les trains d’atterrissage en piaffent déjà. Hormis pour les élus du cru, pauvres bougres tenus à l’écart de l’information, la plateforme aéroportuaire de Notre-Dame-des-Landes n’aurait donc que des avantages. Très enthousiaste à l’annonce du feu vert ministériel en octobre dernier, Ayrault a seulement demandé un effort de « transparence ». Super, on va pouvoir mater les Australiens par en-dessous à travers le bitume des pistes. En mars dernier, aux cantonales à La Chapelle-sur-Erdre, le socialiste Hervé Bocher (« autant de charisme et d’humour qu’un ours blanc sur la banquise », note un observateur) gagne d’un demi-accoudoir le siège de conseiller général. Après le premier tour, déguisé en rose très mollo, il a obtenu in extremis le retrait du candidat Verts et Alternatifs Jean-Paul Minier qui le talonnait de quelques dizaines de vois. Les écolos annoncent alors de la Commission nationale du débat public a été saisie le 17 janvier par l’Union française contre les nuisances ds aéronefs, afin de déballer Notre-Dame-des-Landes à l’air libre. Et que le grand débat sera proposé à la prochaine séance, le 14 mai. Au courant de rien, Hervé Bocher tombe des nues. Lui qui travaille pourtant comme chargé de mission à la direction régionale de l’environnement, dont le ministère de tutelle finance et héberge justement la commission du débat public. L’information circule décidément mal. Il faut cinq jours à Ayrault pour voler à son secours : « Les candidats de la gauche plurielle ont pu constater l’inquiétude grandissante de la population concernée », clame-t-il à la presse*, affirmant dans la foulée que Bocher a aussi saisi la Commission nationale du débat public. Le hic, c’est, par plus que Céline Dion ou qu’un quelconque nonce apostolique, un élu n’est habilité à saisir cette fichue commission qui se veut justement indépendante des politiques. Faute de grives, on mange des e‑mails : Bocher se serait en fait contenté d’un message électronique à la fameuse Commission du débat public pour demander un rendez-vous à son président. Histoire qu’on pense à lui pour former le comité local d’organisation du fameux débat public, lui octroyant un strapontin à la tour de contrôle. Accroche-toi aux ailes, on enlève la terre.
*Ouest-France, le 26 mars 2001.