L’honneur intraitable
Roulez jeunesse
Retaper le patrimoine des négriers, ça vaut bien des honneurs nationaux.
Sous-ministre de l’engagement jeuniste, très occupée et préoccupée par sa réélection comme députée une fois qu’elle aura rendu son sous-maroquin, Sarah El Haïry est toutes les semaines sur le terrain en Loire-Inférieure. Assidue. Elle a organisé à Treillières une cérémonie pour « services rendus à la cause associative », en félicitant Romain, 22 ans, « avec citation au bulletin officiel du ministère » (Ouest-France, 16/12/2021). Et pour mériter ces honneurs d’État, à part percher dans la circonscription de la future candidate, il a fait quoi de plus que des milliers de bénévoles dans des associations ? Il « milite » dans l’asso Renaissance du Haut-Gesvres, qui retape le château municipal du même nom. Cette bâtisse massive a appartenu à la bourgeoisie locale, le domaine étant acheté en 1803 par un négociant impliqué dans la traite négrière, Mathias Haentjens. Sa fille épouse l’armateur Pierre Joseph Maës, fils de planteur en Louisiane, lié à la colonisation de terres indiennes à l’aide d’esclaves africains*. Ce qui marie héritage esclavagiste et culture de prédateurs et de voleurs de terres. Incarnée par la sous-ministre, la patrie honore donc la restauration d’un bout de mémoire négrière enfouie, mais sans le dire. Merci, madame la sous-ministre, d’avoir fait la retape.
*« Treillières au fil du temps », tafdt.org, blog d’histoire locale.