Ayrault ne manque pas de chambre à air
Que se tram-t-il ?
Le transportencommunisme orthodoxe subit une défaite.
Présentée comme une innovation technologique mirobolante, la future ligne de transports en commun reliant Vertou au reste du monde via le centre de Nantes est en fait une formule bâtarde, polluante et ringarde. Jean-Marc Ayrault appelle ça un « tram-bus ». Même qu’ils ont le même à Las Vegas, alors ! On se demande par quelle escroquerie sémantique, ce bus sans le moindre rail pourrait se faire passer pour un tram dont il n’a aucune caractéristique. Avec ses bons vieux pneus des familles, c’est un vulgaire autobus « affranchi de l’univers ferroviaire », semi guidé par caméras optiques lisant un marquage au sol, sur l’asphalte. Il tressautera forcément plus, en largeur, en hauteur, qu’un vrai tram calé sur ses rails, disent ses détracteurs. Il sera moins économe en énergie qu’un vrai tram. A l’heure où tout le parc de bus de l’agglo passe du diesel au gaz, réduisant ainsi les pollutions larguées par les pots d’échappement, pourquoi remettre en route un autobus au mode de propulsion assez ringard : du bon vieux diesel chargé d’alimenter des moteurs électriques dans la jante des pneus larges pour mouvoir l’engin. Une belle perte de rendement et une bonne dose de pollution, comme dans le temps. Qui roule qui ? « L’information a été donnée à la surprise générale, quand tout était bouclé, sans que rien de ne filtre avant, note Jacques Michaud, président régional de la fédération nationale des usagers des transports. Que le projet ait été ainsi jalousement caché montre qu’on n’en est pas si fier. L’image moderne du système, c’est du vent ».
« Ce choix nous étonne beaucoup », ajoute Gérard Gauthier, du collectif transport de l’agglomération, qui fédère plusieurs associations et syndicats concernés par les transports en commun. « D’autant plus après le discours d’Ayrault lors de l’inauguration de la deuxième ligne à Grand Val, où il s’était félicité de la concertation et du dialogue avec les associations. Cette fois, l’option de la liaison jusqu’à Vertou, nous l’avons apprise par la presse…» Le projet se vante de pouvoir gagner un an sur un chantier de vrai tram, plus lourd à mettre sur les rails. De quoi se demander si pour Ayrault, ce parti-pris n’est pas une concession aux élus du sud-est de l’agglomération, pour gagner la paix des ménages au sein de la communauté urbaine et leur faire cadeau de l’inauguration en septembre 2006, six mois avant les prochaines municipales. Avec un vrai tram, pas de ruban à couper avant l’isoloir. Jean-Marc joue sur les mots, c’est pas en autobus qu’il roule son monde, c’est un autobuste qu’il s’érige.