Pas une minute pour Donges Est
Vase communicante
Consultable en mairie, le dossier d’enquête publique de l’extension portuaire de Donges Est comportait un millier de pages, pesait sept kilos et demi et il fallait une dizaine d’heures pour le lire*. C’est Alain Grovel, le commisseur enquêteur qui le note avant de faire le relevé comptable des avis favorables et défavorables. Il a recueilli une majorité d’avis en faveur du développement économique (71 pour, 23 contre) et un refus massif de l’impact sur environnement (99 contre, 7 pour) et des mesures écologiques compensatoires (20 contre, 10 pour). Cette comptabilité binaire permet au préposé commissaire enquêteur de livrer ses « conclusions motivées » et son avis favorable au projet chiffré à 58 millions d’euros, conclusions qui tiennent en une page et demi aérée, soit 10 grammes, lue en 55 secondes. C’est ce qu’on appelle l’art de la synthèse. Le plus beau score enregistré est donc l’exploit du commissaire qui réussit de très belles réductions à trois chiffres, le poids des arguments diminuant de 750 %, le nombre de pages de 500 %, le temps de lecture de 654 %.
* « Pour un bon lecteur de 20 000 mots par heure », note Alain Grovel, ce qui est un peu plus rapide que le rythme de parole d’un chroniqueur radio, et trois fois plus que celui d’un homme politique lisant un discours. Le très attrayant dossier d’enquête, à peine moins captivant qu’un bon polar, nécessiterait en fait entre vingt et trente heures de lecture. Ce qui exploserait encore à une réduction à quatre chiffres.