Du bois dont on fait les trafics
Iro quoi ?
Cheviré, place forte du trafic du bois, est un peu une place de trafic tout court. Le 18 février dernier, des militants de Robin des Bois y ont repéré une cargaison de troncs d’arbres sortis illégalement du Libéria, pays frappé d’embargo, et transportée par un cargo croate, le Liski. Un rapport de l’ONU « a clairement démontré l’implication de certaines compagnies de sciage et d’exportation du Libéria dans le financement de la guerre civile qui sévit chez son voisin, la Sierra Leone»*. En clair, le niangon et l’iroko payent les trafics d’armes. « La filière française des bois tropicaux est le principal soutien au régime de Charles Taylor », allié des rebelles du Sierra Leone », précise Robin des Bois qui a noté à Cheviré que les marques et estampilles sur la tranche des billes de bois attestent de cette origine douteuse, quand on n’a pas sciemment scié sur une fine tranche les embouts, comme on lime les numéros de série de voitures volées. Au port autonome, Christophe Planty, interpellé à ce sujet, concède que « certains petits opérateurs peuvent effectivement prendre des risques énormes, décrochant soit le jackpot, soit des ennuis judiciaires », tout en ajoutant que « les contrôles se mettent à peine en place », et que « la majorité des entreprises, fortement structurées, est très regardante sur les origines des bois qu’ils importent ». C’est pas la mer à bois.
* Libération, le 26 février 2002.