La fausse misère du bas-clergé
Déni de denier
Toujours la plume dans l’eau bénite, Ouest-France consacre une demi-page à la promo de l’aumône faite par ses adeptes à l’Église locale*. L’article concède pourtant qu’ici, dans l’Ouest, y’a pas besoin d’encourager les paroissiens, qui donnent plus que dans la moyenne française. Ils sont 27% plus généreux qu’ailleurs. Dans le diocèse, on a récolté près de 3 millions d’euros en 2002. Là où le coup de pub dérape un brin, c’est en prenant pour argent comptant les ressources déclarées par le curé pris en exemple pour faire pleurer dans les chaumières. Le père Loïc Cacot confesse 460 euros par mois, « toutes dépenses réglées ». C’est quoi, cette somme : sa cagnotte, son argent de poche, son pécule pour acheter son PQ ? Mystère et boule de Rome. Pourtant, deux jours plus tard, Ouest-France reconnaît implicitement que les chiffres publiés, dramatisés par le titre « Je vis avec 460 euros par mois », étaient en fait bidon. Le démenti discret est apporté par un courrier de lecteur très bien informé, qui cite les chiffres officiels de la dernière circulaire diocésaine. À la vérité, le curé perçoit un brut de 1344,90 euros, soit 16,5% au dessus du Smic. En net, il lui reste 1018 euros. Plus du double de ce que le journal a annoncé. Avec ça, comme tout le monde, il règle ses petites dépenses, son pain quotidien, son savon de Marseille, et ses slips kangourou neufs.
En suivant la logique de Ouest-France, beaucoup de paroissiens vivent sans ressources, s’ils dépensent tout ce qu’il ont gagné dans le mois. Mais bon, quand on participe au plan marketing du diocèse, il faut bien des chiffres chocs, de la misère digne, pour que tous crachent au bénitier. Le trucage, c’est pas un péché mortel, au moins ?
* « Denier de l’Église, la collecte a débuté », Ouest-France, le 10 mars 2003.</I>