Pont trop n’en faut
Marche ou grève
François-Régis n’y va pas par quatre hutins. Dès que pointe le mois de mai, le patron de Ouest-France pointe du doigt le mal français : la pontifite aigue. Une maladie qui n’a rien a voir avec le Pontife, mais qui ne supporte pas les ponts. Hutin cite ce qu’il lit*. Esope, tiens, le vieux Grec, qui distingue deux chemins, celui de la liberté et celui de la servitude, que Hutin traduit par « effort » et « facilité ». Cette facilité mène au « déclin » de la France, rien de moins. Il cite Claude Imbert, du Point, qui trouve que le Français est chaque année sept semaines plus fainéant que son homologue américain. Commentaire de François-Régis : « On ne s’en étonne pas, quand on voit le nombre de jours fériés donnant lieu à des ponts prolongés en ce mois de mai. À quoi l’on croit bon d’ajouter des jours de grève. » Désormais, dans Ouest-France, le mot grève sera remplacé par le mot fainéantise. Déjà le 12 mai, François-Régis a dû subir l’affront d’une grève dans sa maison, empêchant la sortie de ses 42 éditions. Ce qui a « privé les lecteurs de leur droit à l’information au cours d’une grave crise internationale », explique le mardi suivant un communiqué vengeur signé sobrement « Ouest-France ». En pleine crise irakienne, avouez que c’était presque une déclaration de guerre d’une « minorité de salariés », simples salauds de grévistes. « Est-ce sur la pente funeste du déclin que l’on veut entraîner la presse régionale ?», s’alarme la direction du journal. Désormais, à la place de gréviste, utiliser le terme funeste déclineur. Faites passer.
* Ouest-France, le 10 mai 2003.