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Conducteur assisté
Ils font des machins électroniques super méga top. Atmel Corporation, fondé en 1984, est leader mondial des semi conducteurs. À Nantes, on doit à ces zaméricains bienfaiteurs l’emploi de 360 bienheureux. C’est tout simplement merveilleux. Mais voilà, l’an dernier, la firme yankee a menacé de mettre la clé sous le semi conducteur. Aucun repreneur, voire semi repreneur, ne s’est manifesté. Fin janvier, miracle, le marché est reparti, l’activité est maintenue. Entrepreneurs malins, les Américains veulent bien investir sur le site qu’ils voulaient fourguer ou fermer quelques mois plus tôt. Mais uniquement avec aides publiques à la clé. D’autant que 167 recrutements sont promis jurés, dont une centaine d’ingénieurs. À votr’ bon cœur, m’sieurs dames ! On casse gentiment sa tire-lire : la Communauté urbaine, le Département, la Région crachent chacun 1,1 million d’euros au bassinet. Et l’Etat met 8,3 millions d’euros dans la balance, après avoir “conditionné son soutien au développement pérenne” des sites nantais et grenoblois. La brave multinationale nécessiteuse reçoit ainsi une manne de 11,6 millions d’euros. Il y a deux ans, la CFDT avait fait un décompte : les dix dernières années, l’usine – d’abord Matra MHS, puis Temic Telefunken Microelectronics – a déjà engrangé 146 millions d’euros de générosité publique. Grâce à l’imparable chantage à l’emploi, les contribuables financent à chaque fois les gains de productivité de la société privée.
Par exemple en 1994, Matra MHS avait promis juré que ses projets d’extension, financés par des aides publiques, allaient générer de 300 à 600 emplois. En 1997, boum, plan social. Un an plus tard, Atmel devient le nouveau proprio de l’usine, et six mois plus tard vire aussi sec 149 salariés. En 2002, 147 postes sont supprimés, sans compter 26 CDD non renouvelés. Mais tout ça c’est pour la bonne cause, pendant ce temps-là, les multinationales vont pas exploiter nos frères du tiers monde. Quelle générosité !