Sauvons le seul journal authentiquement populaire
Presse‑O va mal. Presse‑O est plombé. L’Éclair ne passera pas l’hiver. Les commentaires sont sévères depuis quelques semaines sur les deux quotidiens de la rue Santeuil. Plantage de la régie publicitaire, baisse des ventes, pertes vertigineuses, incompétence de la direction… Bref, Presse‑O va dans le mur et risque de se manger un plan social des familles avant le retour du printemps. Ces rumeurs, dont les petits camarades d’Ouest-France ne sont pas les derniers à rigoler, ont de fait quelques fondements. Et même s’il est difficile d’y voir très clair sur la situation réelle du journal, vu l’invraisemblable imbroglio de participations croisées qui caractérise les sociétés du groupe Hersant (prise de tête garantie à la lecture d’un simple compte-rendu de CE) on peut subodorer que tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des journaux. Première certitude, Presse‑O/L’Éclair perd de l’argent. Entre 18 et 30 millions de francs par an selon les sources. Le découplage de la régie publicitaire avec Ouest-France y serait pour beaucoup. Deuxième information, les banques ont demandé à la Socpresse, la société d’Hersant, d’éponger le passif du quotidien en contrepartie d’un plan social. En d’autres termes un dégraissage, qui pourrait toucher 80 personnes, tous secteurs confondus (administration, fabrication et rédaction). Troisième donnée, à prendre avec un peu plus de circonspection, un plan d’économie d’échelle serait à l’étude pour coupler certaines pages des trois quotidiens de l’Ouest du groupe, à savoir Presse‑O, Le Maine-Libre, Le Courrier de l’Ouest. Il n’est même plus question de L’Éclair, qui pourrait subir le même sort que La Liberté du Morbihan, sabordée en octobre.
Et là, il est temps de dire stop. Sauvons le seul vrai-faux journal authentiquement populaire de la région. Pensons à la petite dame du dessous, au gros cégétiste du coin, au bon vieux laïcard de Trignac. Déjà des mouvements de solidarité se font jour parmi les Nantais. Choisir L’Éclair au lieu de Presse‑O au bureau de tabac le matin est un geste qui peut changer le cours de l’histoire (sans rien changer à l’affaire). Pensez‑y. Songez aussi au fait qu’une remontée des ventes de L’Éclair ferait s’arracher les cheveux aux prévisionnistes du groupe Hersant. Il n’y a pas de petits plaisirs.