Amnésie au noir
Décidément, la période négrière nantaise provoque bien des amnésies. Dans le petit opuscule d’un certain Daniel du Marcenet, Les personnages célèbres et méconnus qui ont donné leur nom à une rue de Nantes, on lit avec surprise : « Grou, Guillaume. (1698 – 1774). Riche négociant et armateur, il fut conseiller secrétaire du roi, juge consul et échevin de Nantes. Il légua 200 000 livres pour fonder un orphelinat ». Un peu court, jeune homme. Comment omettre de bonne foi que le même Grou est l’un des plus célèbres négriers nantais ? On doit à la famille Grou, de 1721 à 1763 quelque cinquante expéditions négrières*. Ne retenir que sa BA, c’est réaliser – par omission révisionniste – une entreprise de blanchiment d’argent sale.
*Avec une moyenne de trois cents esclaves par voyage, parfois cinq cents à six cents…