Du Rosse quoi ?

Publié par lalettrealulu le

La vache aux folles

Par quel bout prendre Annick du Roscoat ? Côté respectable union avec le RPR et l’UDF ou par l’autre, qui sent fort le Front national ?

Annick du Roscoat ne milite pas au FN. Juste au CNI. La différence ? C’est pourtant simple : Annick du Roscoat n’adhère pas au délire raciste de Le Pen, elle se contente d’être la seule élue de droite à refuser de voter les subventions municipales aux associations de quartier, « parce que certaines ne me conviennent pas »*, en clair les amicales étrangères. Elle pousse l’humanisme cinq mois plus tard en s’opposant, toujours seule mais de façon « viscérale », à l’aménagement d’une mosquée à Nantes.*

Autre exemple, Annick du Roscoat n’éructe pas contre les « sidaïques » comme un vulgaire leader d’extrême-droite, elle pétitionne en juin dernier contre la décision de la mairie de Nantes « d’accorder des certificats de vie commune aux homosexuels (…) décision qui va à l’encontre del’institution familiale et nuit à l’avenir de l’humanité ». Rien que ça ! Et histoire d’affoler les populations bien-pensantes, elle rappelle « qu’aujourd’hui l’anormal se déchaîne, exige sa reconnaissance… Vous avez compris je veux parler du nouveau lobby de l’homoséxualité (sic) (…) il y va de la défense et de la promotion de la famille, de la santé morale et physique des Français. » Sa conclusion : un tableau d’évaluation des groupes contaminés par le VIH** en Pays de la Loire où elle prend bien soin de souligner en gras le mot « homosexuel »… CQFD, avec un sens de l’amalgame que n’aurait pas renié Goebbels, célèbre fabricant de triangles roses.

Non, Annick du Roscoat ne partage pas les mêmes valeurs que le FN. Elle partage la même écuelle, ce qui n’est tout de même pas pareil, comme au cours du déjeuner qu’elle prend en tête-à-tête le 3 octobre 95 avec Péraldi, l’élu municipal FN, au vu et au su de tous… sans que cela coupe l’appétit de ses copines Babeth et Monique, ses colistières RPR-UDF aux dernières municipales, qui eurent comme chacun sait les yeux plus grands que le ventre. Elisabeth Hubert et Monique Papon, respectables élues républicaines, vice-présidente de la LICRA pour la seconde, ont-elles oublié qu’en 89 le CNI de leur copine Annick soutenait la liste lepéniste, son programme étant de « favoriser (…) l’union de la droite sans exclusive… »*** Mais c’est sans doute « un détail ». 

Elie Lamèche

* PO 14.05.91/08.10.91
** Données publiques 94 de l’observatoire régional de la Santé, où certaines personnes interrogées par Lulu « regrettent d’autres utilisations que préventives de ces chiffres, mais on n’y peut rien… »
*** OF 23.02.89

C.N.Ick Du Roscoat
Conseillère municipale et générale CNI, Annick du Roscoat a de qui tenir. Issu de la vieille droite traditionnelle d’avant-guerre, le CNI a vécu son heure de gloire sous la IVe République avec Antoine Pinay, célèbre pour avoir créé le franc nouveau, un peu moins pour avoir voté en 1940 les pleins pouvoirs à Pétain, puis avoir été nommé au Conseil national de Vichy. Sous la Ve, il ne se remettra jamais d’une scission emmenée par un député de 36 ans, futur-Ex…
En plein déclin, abîmé dans une perpétuelle guerre des chefs, le CNI, économiquement ultra-libéral, politiquement archi-réactionnaire et atlantiste, tout juste toléré comme partenaire marginal par le RPR et l’UDF, a profité de la proportionnelle en 86 pour faire entrer plusieurs députés au Palais-Bourbon sur les porte-bagages du FN, dont il partage nombre d’obsessions. Signe particulier (outre le décoratif fief de la mairie de Cholet pendant une vingtaine d’années), ce groupuscule de petits notables provinciaux se détermine d’abord comme « porteur d’eau » des vraies vedettes de la droite, au gré du vent : pasquaïens contre madelinistes, lepénistes contre villiéristes, etc.