Investir dans le noyé

Publié par lalettrealulu le

Vendée gloubs

Engloutir des millions dans l’organisation du Vendée Globe, est-ce jeter de l’argent par les hublots ? La chambre régionale des comptes se le demande après avoir contrôlé la Ville des Sables‑d’Olonne, et trouve un peu chérots les quatre millions de subventions sablaises dans l’épreuve, sur un total de 15 MF essentiellement publics. L’éplucheur des finances publiques juge que la recherche de notoriété n’est pas « suffisante pour justifier à elle seule le montant et le niveau des participations publiques ».

Interrogé sur l’impact de la course*, l’organisateur Philippe Jeantot reste « persuadé que les naufrages de cette édition ont fait parler de la course, notamment dans les pays anglophones. Ils l’ont fait connaître, ce qui sera une aide considérable aux navigateurs pour qu’ils trouvent des sponsors ». Lors d’une conférence**, un certain Maximilien Brabeck, ingénieur en économie marketing, enfonce le clou du spectacle : « S’il y avait eu plusieurs morts lors de la course, l’image aurait pu être négative », en ajoutant que « les accidents ont participé à la médiatisation au plan mondial ». Moralité : le mort n’est négatif qu’à partir de deux. Un Gerry Roufs ça va, deux morts, bonjour les dégâts. Une belle leçon pour le Paris-Dakar qui n’a pas su drainer la manne des sponsors en misant sur les petits africains écrasés par les concurrents au passage. La casse, c’est vendeur, coco ! Noyés de tous les pays, unissez-vous.


* Presse-Océan, le 5 mars 1991
** Vendée matin, le 1er avril