Les lepénistes travaillaient au noir
Chemises brunes
Le chef du Front national en Maine-et-Loire avait cru inventer l’extrême droit. Celui qui permet de faire marner des clandestins.
Employeur de clandestins, le secrétaire départemental du FN de Maine-et-Loire, Marc Lyoen, 34 ans, a été condamné en correctionnelle à Saumur. Gérant de deux magasins de vêtements bas de gamme, il s’est fait pincer en juin 1996 pour avoir fait travailler au noir des militants de son parti, lors d’un déballage sans autorisation de 200000 articles en solde, pendant quinze jours dans une ancienne fabrique d’allumettes de la banlieue d’Angers. Explication embêtée du leader local du FN : « Mes occupations pour le parti me prennent de plus en plus de temps et j’en ai délaissé mon commerce. J’avais alors un surstock de marchandise, j’ai demandé à mes militants de me donner gratuitement un coup de main pour cette vente. » Son avocat complète à l’audience : « Conscient de ses difficultés, les militants du FN ont bénévolement pris l’initiative de l’aider. C’est de la solidarité. Pas de différence avec une kermesse de patronage. » Le hic, c’est que sur ces douze « bénévoles » astreints à horaires fixes, deux s’enfuient en courant lors du premier contrôle de police. Même cavale de deux comparses du FN quand l’inspection du travail vient constater qui travaille dans cet entrepôt. Tout ce personnel non déclaré soutient mordicus n’avoir pas touché un sou. « Il y a une réelle subordination, des horaires, un roulement le midi, une organisation du travail, dit le procureur, Yves Gambert. C’est au moins une utilisation de la bonne volonté des militants politiques à des fins personnelles au bénéfice d’une action commerciale. Le but lucratif de l’opération et l’omission de remplir les formalités suffisent à qualifier l’acte. Le travail clandestin est une peste pour l’ensemble de la collectivité. C’est un acte d’incivisme grave qui doit être sanctionné.«
Pour diverses infractions commerciales et travail clandestin, Marc Lyoen a été condamné à six mois de prison avec sursis et 130000 F d’amende (dont 50000 F avec sursis). Il était défendu par un avocat saumurois, Me Führer. Ce n’est pas une blague. Albert Führer est spécialisé dans le droit commercial. On ne choisit pas son nom. Mais on choisit son avocat.