La tentation du polar
Idées noires
Défenseur de la veuve et de l’orphelin le jour, conseiller municipal efficace et discret le soir, amateur de vélo et de plaisirs simples à toute heure, Dominique Raimbourg est un citoyen agaçant, presque trop exemplaire pour être honnête. Avec Le Flic, la Nonne et la Stripteaseuse, le gentil avocat nous montre qu’il est un homme comme les autres, qui sait se déboutonner gaillardement, sans fausse pudeur ni précautions inutiles.
Écrit avec Jean-Luc Varin, sans que l’on puisse débrouiller la part de chacun, ce premier roman est d’abord un modèle de construction. Ce véritable polar qui mène le lecteur par le bout du nez du Bénin révolutionnaire aux quartiers chauds de Paris, est habilement replacé dans son terreau historique. Les portraits sont savoureux aussi, comme celui de Perrin, le flic, dont on suit avec délectation les séances de psychanalyse, ou celui de la nonne défroquée, passionaria des années soixante-dix plus vraie que nature.
Deux faiblesses toutefois pour ce premier jus. En dépit d’un sens consommé du récit, le style reste un peu convenu. Et l’édition est extrêmement limite. Une première de couverture à pleurer, des coquilles grosses comme des camions, le Petit Véhicule reste fidèle à sa tradition, mais c’est un peu fatigant.
On pourrait presque faire la critique inverse au petit polar que vient de sortir Bruno Ménard, à La Loupiote : Un problème avec les dates. L’édition est sobre mais propre, le style affirmé, l’écriture subtile, mais l’histoire manque un peu d’épaisseur. Le découpage se révèle trop sec et nuit à la compréhension. Bref, tous les travers du journaliste brillant mais un peu fainéant. Va falloir qu’il se remette à bosser le jeune homme, parce que des histoires en 2CV camionnette où les héros ont des chaussures de foot à crampons moulés, on en redemande.
- Le flic, la Nonne et la Stripteaseuse, Le Petit Véhicule, 120 F.
- Un problème avec les dates, La Loupiotte, 69 F.