Les ultras de l’école bénitière
Signes de piste
Un nid à petits garçons ouvre en Vendée. Béni en latin, mais pas par l’évêque. Trop traditionaliste pour être honnête.
Éditeur aux penchants cathos notoires, Siloë détient depuis 1994 un beau fromage : les coffrets de livres offerts par la Région aux mariés des cinq départements, et remis dans les mairies. Pour 1997, le coffret grossit de trois à quatre bouquins, constituant un marché d’1,35 MF, soit 62000 bouquins, avec « une marge autour de 50 % », selon un professionnel de l’édition. « Quand j’ai vu le prix où est passé le marché au bulletin officiel, j’ai trouvé qu’ils avaient tapé fort », ajoute un autre éditeur. Sur quatre entreprises sollicitées par la Région pour concourir aux côtés de Siloë, trois ont flairé l’appel d’offres arrangé et ont laissé tomber. Seul le Livre Français a soumissionné à l’automne dernier. À côté de la plaque, ce spécialiste de vente par correspondance, qui n’est pas vraiment éditeur, se retrouve aujourd’hui en cessation d’activité. Un dangereux rival, comme on voit. Ce qui devait arriver arriva donc : Siloë a gagné son jackpot. Sans surprise, tant l’appel d’offres est comme taillé sur mesure : seul Siloë a en catalogue ce que requiert la commande, un bouquin sur la « gastronomie régionale et les coutumes qui y sont liées », un florilège des « écrivains de la région ou ayant écrit sur la région » et enfin le livre lauréat du prix du conseil régional, décerné à Siloë le 9 décembre dernier, quatre jours avant la réunion de la commission des marchés traitant des bouquins aux mariés. Dès sa première attribution en 1996, Siloë a donc décroché le prix littéraire « Région des Pays de la Loire », pour Petites nouvelles de Loire, de Patrick Chevalier, accessoirement mari de Sandrine Godfroid, directrice à la Région du service environnement et cadre de vie (qui inclut l’action culturelle)*. Tombé dans le domaine public en 1996, le quatrième bouquin, Pêcheur d’Islande de Loti n’a plus de droits d’auteur : n’importe qui peut le réimprimer.