L’ethnie orvaltaise rate l’épuration
Raus !
A‑t-on idée de ne pas habiter la commune qui vous emploie ?
Pour cette faute grave, douze salopards ont failli se retrouver à la rue.
La municipalité d’Orvault aime l’été. Et en fait profiter ses employées de cantine et d’accueil scolaire, débauchées en juin, reprises en septembre. Sous contrats temporaires, renouvelés depuis des années (onze ans et demi pour la doyenne de ces contrats winchester), ces agents précaires, payés entre 3200 et 4000 F mensuels, huit mois de l’année, viennent de subir une tentative d’épuration ethnique à l’orvaltaise. Leur faute : ces douze moins-que-rien n’habitent pas la commune, ou ont déménagé. Elles ne devaient donc pas être reprises à la rentrée prochaine. Priorité aux chômeurs du cru, adresse postale faisant foi. Puisqu’ils ne sont pas « orvaltais purs », il est « normal qu’on ne renouvelle pas le contrat d’éléments étrangers à la commune », a insisté Gilles Ravard, subtil premier adjoint RPR. Ne lui dites pas qu’il fait du racisme en opposant « purs » et « étrangers », il prétend appliquer une « solidarité communale ». Ce clientélisme revendiqué pue pourtant la lepénisation d’élus de la droite dite classique, gangrenés par l’idée de préférence nationale brandie par le FN. Au secours, Orvault est cerné d’étrangers !
Un détail : le maire d’Orvault a donc tenté la « préférence cantonale », et non pas « communale ». Il fallait faire échapper à la vindicte les habitants de Sautron, bien qu’« étrangers », selon la terminologie en vigueur. Le maire André Louisy étant aussi conseiller général, ça serait bête de perdre des voix pour une poussée de xénophobie trop localisée. Et pourtant, ces mesures ont peut être bien eu l’effet inverse sur les législatives, où la centriste Monique Papon, députée sortante, s’est fait rétamer par moins de six cents voix d’écart. Défaite, Paponette lâche le soir du deuxième tour : « C’est Orvault qui nous a planté. Orvault où je me suis donné le plus de mal depuis des années*. » Cette ingratitude pure n’est donc pas étrangère à la veste de la dépitée de l’UDF.
Les édiles orvaltais se sont retrouvés cernés de syndicalistes agaçants, de journalistes insupportables, odieux personnages dont les mauvaises intentions sont trahies par leur lieu de résidence, aucun n’habitant la commune. Le maire a remis à plus tard les mesures de nettoyage des indésirables. Mais en ne prévenant que les quotidiens locaux, pour minimiser l’ampleur d’une affaire qu’il ne juge « pas d’ampleur nationale ». Les contrats de ces « étrangers » seront donc renouvelés. La rentrée s’annonce encore impure.
* Ouest-France, lundi 2 juin.