Bénévoles : l’intérim à paie zéro

Publié par lalettrealulu le

Des nèfles

Dissipons un malentendu : les bénévoles de la coupe du monde sont payés. À coup de majuscule.

Au CFO, on ne dit pas gogo mais « Volontaire », avec un grand V. Majuscule pour tout le monde, gros salaires pour les autres. Comment traiter de pigeons les bénévoles, alors qu’ils sont « ambassadeurs » de la France, « acteurs de l’évènement ».

Pour manager les 950 tâcherons temporaires embauchés gratos, une grande cheftaine, Béatrice Lechat, détachée à Nantes par son employeur Manpower, partenaire du Mondial. Mais le sous-chef de la direction des ressources humaines de ces 950 petites mains est un bénévole. « Les missions doivent être enrichissantes, pas contraignantes, dit Béatrice Lechat. La philosophie Volontaire, c’est le plaisir. Il y a un désir de contribuer de manière désintéressée à la valorisation de sa ville, à apporter un sourire aux populations étrangères. Rien n’est transposable en terme d’emploi. C’est une aventure humaine, pas une mission professionnelle. » Pourtant, le journal publié par Manpower pour les bénévoles insiste sur le « métier » acquis : « La responsable – Volontaire – du projet habillement de Saint-Denis est devenue une vraie pro », explique un reportage. Standardistes, assistants restauration, contrôleurs parkings, réparateurs de télécopieurs ne verront aucun match, tout en travaillant à côté. Même les stadiers doivent fixer la foule sans regarder les joueurs du coin de l’œil. Promis juré, cette main‑d’œuvre gratuite, sans contrat, « ne fera pas le ménage, ne tiendra pas les vestiaires, ne distribuera pas la soupe » comme à Nagano. Au hasard dans la liste, des opérateurs de saisie de statistiques, un boulot de petite main vivifiant, la tête dans le clavier, les yeux scotchés à l’écran. Ils seront aussi guichetiers, chauffeurs, agents de sécu, contrôleurs d’accréditations, magasiniers, interprètes, placiers, refileurs de feuilles de stats aux journalistes…

Mais à la fin, les bénévolontaires garderont leur tenue Adidas*, auront vu un match de huitième de finale à Bordeaux, auront avalé quelques plateaux repas et garderont la montre Footix offerte à Noël. Et le fin du fin est pour la fin : on leur octroiera un beau diplôme. Il paraît que c’est « plus un souvenir qu’un certificat ». Merci d’être souvenu.

* Ou Yves-St-Laurent s’ils sont en poste à l’accueil et au protocole.