Les têtes à plaques du FN
Gros bras
Les voitures des membres du FN devraient être exemptées de plaque minéralogique. Ça ne sert qu’à inquiéter de braves nervis-en-chef de l’honorable garde prétorienne.
C’est l’agression qui monte à la tête du FN. Lacrymo, coups de matraque, pare-brise et vitre latérale éclatés, le tout sans un mot, sans une insulte. Froidement braqué le 22 février en plein jour, après avoir peinardement collé quelques affiches anti-FN en compagnie de son amie, Yannick Hélias écope d’un crâne ouvert, la clavicule fêlée, l’épaule luxée, et 21 jours d’arrêt de travail. Il a aussi relevé les numéros des deux voitures des gros bras. La première, une 205, appartient à Guillaume Luyt, un adjoint de Samuel Maréchal. Entendu par la police, il dit qu’il était alors en Côte d’Or pour les cantonales. Mais il a bien laissé sa tuture à disposition du FN, et les clés sur le bureau de Samuel Maréchal. Sommé par la police de dire à qui il a confié sa 205, Luyt suspend sa réponse, va déjeuner avec Maréchal et revient annoncer qu’il ne dira rien. Et ça passe.
L’autre véhicule est une 405, propriété d’un militant FN de Limoges. Les policiers montrent une cassette vidéo prise lors de la manif du FN du 29 mars, devant la Tour Bretagne. Yannick Hélias reconnaît deux occupants de la 405. Ouh la ! Ce sont des grands chefs nationaux du DPS, la milice privée du FN, dirigée par Bernard Courcelle, ancien instructeur para jusqu’en 85, ex-directeur de la sécurité à la société d’armement Luchaire et au Musée d’Orsay. Ces deux grosses têtes identifiées, le service de la Sûreté urbaine refuse de mener l’enquête. Chargé de l’instruction, le juge Hoareau doit la confier à la police judiciaire. Il apprend que le film a été visionné, mais sans aucune trace versée au dossier. Les renseignements généraux commencent par nier qu’une cassette ait été montrée à la victime, qu’il s’agit d’un « fantasme de militant ». Manque de pot, un couple de témoins de l’agression a aussi visionné les images et reconnu des visages de l’équipe de la 405. Les RG sont contraints d’avouer avoir montré le film. L’enquête devrait montrer à qui le gendre de Le Pen confie ses basses œuvres.
La première explication du FN de Loire-Atlantique est puérile : la 205 avait été repérée par les anti-FN, qui ont prétendu lire son numéro sur une 205 qui n’avait rien à voir. Même la main dans le sac, les frontistes ressortent la thèse du complot. Pour la seconde voiture, il va falloir inventer autre chose. Suggestions : tous les blancs se ressemblent ; ou les visages, ça s’imite ; ou des voyous ont revêtu des masques de carnaval à l’effigie de respectables sommités du gentil service d’ordre fasciste.