Un prof au piquet pour s’être intéressé à son boulot
Le prof principal a eu la mauvaise idée de faire un bouquin sur Schubert avec ses élèves. Il sera muté d’office à la rentrée prochaine.
Amélioration de la relation entre l’élève et le professeur, ouverture des établissements sur le monde extérieur, décloisonnement des disciplines : tels sont, à grands traits, les souhaits des lycéens exprimés au travers de l’enquête commandée récemment par le ministre de l’éducation nationale. Pour avoir mis en œuvre avec un an d’avance ces principes simples, un prof de maths du lycée Camus à Nantes, Paul Dandelot, s’est vu infliger toute une série de brimades, et sera l’an prochain muté d’autorité. Son crime ? Avoir réalisé avec la classe de 1re S, dont il était le prof principal, un livre sur Schubert à l’occasion de la Folle journée 97 contre l’avis du proviseur, qui jugeait l’idée « trop ambitieuse ». Les élèves n’ont pu, en conséquence, s’appuyer sur le foyer socio-éducatif pour mener à bien leur projet et ont dû se débrouiller seuls, pendant que leur professeur collectionnait les tracasseries administratives, dont une sévère inspection. Qu’importe, il a persévéré et le bouquin est sorti, salué par la presse nantaise. « Monsieur Dandelot est un artiste de la mobilisation des médias », commente-t-on au cabinet du recteur. Sa mutation ? « Le fruit du hasard et des nominations ». Le procès qui lui est fait ? « Un pur fantasme.» En d’autres termes : professeurs arrêtez tout de suite d’avoir des bonnes idées, au risque de devenir victimes de malencontreux hasards et, pour finir, paranoïaques.