Le maire de la Ville sainte se mélange les casquettes
Priez pour lui
Le maire de Saint-Laurent-sur-Sèvre, la ville élue de Jean-Paul deux en Vendée, confond allégrement son rôle d’élu local et celui de promoteur immobilier. Mais Dieu le protège avec ses quatre cents épouses qui votent sur place, les sœurs de la Sagesse.
Jean-Claude Bénaiteau ne sait plus à quel saint se vouer. Mis en cause par la justice pour sa gestion un peu trop privée des affaires de Saint-Laurent-sur-Sèvre, remercié de la direction du lycée Saint-Gabriel, le maire ne trouve plus, dans sa propre commune, que le sein protecteur de la mère supérieure des sœurs de la Sagesse pour se consoler de ses déboires.
Il faut dire que Jean-Claude n’a pas précisément fait dans la dentelle ces dernières années à la tête de sa commune, visitée par Jean-Paul himself lors de son passage dans l’Ouest. Première entorse au droit temporel : le citoyen Jean-Claude Bénaiteau tente de se faire construire un immeuble de trois étages en plein centre de la commune qu’il dirige, au mépris de son propre plan d’occupation des sols. Il fonde pour celà une société civile immobilière, qui vend l’immeuble par appartements à quelques gogos. Manque de bol, un mauvais coucheur porte le pet et dénonce l’illégalité du permis de construire. L’affaire traîne et Jean-Claude, poursuivi par les futurs propriétaires, se retrouve condamné à 3 MF de dommages et intérêts par le tribunal de La Roche-sur-Yon. Pour se sortir de ce guêpier, le maire fait voter une révision du plan d’occupation des sols par son conseil municipal. Révision annulée dans la foulée par le tribunal administratif, qui juge la ficelle un peu grosse et relève au passage un ostensible « détournement de pouvoir ». L’affaire est aujourd’hui enlisée à la Cour administrative d’appel, et Jean-Claude en est pour ses frais.
Est-ce pour se refaire que M. le maire laisse dormir pendant plusieurs mois sur son compte un chèque de 29 000 F provenant d’un échange scolaire et destiné aux caisses de l’établissement qui l’emploie, le lycée Saint-Gabriel ? Dieu le sait peut-être. Toujours est-il que Jean-Claude se retrouve viré de la direction de l’établissement et rétrogradé au rang de simple professeur d’espagnol.
Sévère, mais M. le maire est un dur à cuire et ne se démonte pas quand Lulu lui demande des explications. « C’est une histoire de nouvelle direction à Saint-Gabriel » explique-t-il très simplement.
Quid alors de la privatisation d’une voie publique décidée en conseil municipal, pour faire plaisir à un promoteur immobilier mais contre l’avis d’un voisin, qui n’a pas d’autre accès pour entrer chez lui ? « C’est un malentendu, faute d’accord des deux riverains, nous avons renoncé. » Certes, mais encore a‑t-il fallu que le voisin, pris en otage, dénonce cet étrange façon de gérer les affaires publiques.
Prince des décisions douteuses, génératrices des plus noirs emmerdements, Jean-Claude vient de se lancer dans un nouveau projet : la construction d’une piscine. Un équipement d’intérêt majeur à Saint-Laurent, situé à dix minutes de Cholet et guère plus de Mortagne-sur-Sèvre, où justement une autre piscine se construit actuellement. Malgré l’opposition de certains membres de son propre conseil, la démission de son premier adjoint en décembre 98, M. le maire persiste et signe. La piscine se fera. Dût-elle plomber les finances de la commune pour l’éternité. Jean-Claude s’en fout, les sœurs de la Sagesse, ses fidèles captives, qui pèsent un quart de l’électorat, le soutiennent contre vents et marées. Et ça mon bon monsieur, ça n’a pas de prix.