Le maire de Thouaré adhère au NDLR

Publié par lalettrealulu le

Annotable

Pierre Aillet n’a rien contre les « libres opinions » de son opposition, il préfère simplement qu’elle soit libre de ne rien dire.

Le maire « sans étiquette » de Thouaré-sur-Loire ne badine pas avec la liberté d’expression. Ne reculant devant aucune audace, M. le maire a généreusement accordé une rubrique « Libres opinions » aux élus d’opposition (de gauche et divers droite) dans son bulletin municipal. Une avancée démocratique comme on aimerait en voir plus souvent, doublée d’une initiative originale : les mots d’opposition publiés dans sa feuille de chou sont systématiquement truffés de « NDLR » (notes de la rédaction), ripostant à toute critique.

Aillet justifie comme il peut cette surveillance des « libres opinions », à son goût trop « musclées ». Cet homme mesuré a dû faire face à une terrible alternative : soit « répondre à chaque contre-vérité », soit « ignorer ces affirmations » (…) « Compte-tenu du contexte, nous avons opté une solution intermédiaire (sic). Nous ne répondons pas, mais nous annotons les articles tendancieux en rappelant (re-sic) les faits », arguant que le bulletin municipal « ne peut pas être le vecteur d’informations des minorités ». Y compris des minorités éthiques ?

Tout y passe : la révision du POS, l’implantation d’un collège, la taxe d’habitation… Pas question que « la vérité soit complètement travestie » par ces opposants assurément irresponsables.

Ces méthodes ne font plus rire dans le bourg. Pierre Aillet mène son conseil municipal avec un sens tout personnel de l’autorité, allant jusqu’à couper son propre adjoint aux finances pour lui faire lire un autre texte que celui prévu par la commission, de sa main celui-là. Des élus de tous bords craignent que le maire se retrouve « un peu seul », à moins de deux ans des élections. Pierre Aillet a déjà réussi en début d’année à faire fuir son secrétaire général de mairie, réfugié depuis à Machecoul. Ce haut fonctionnaire territorial aspirait à trouver ailleurs « les conditions de travail et de sérénité lui permettant de mener à bien sa tâche*. » Cet ingrat n’a rien compris aux affres du pouvoir solitaire des tyrans de village.

* Presse-Océan, 8 janvier 99.

Catégories : N°23-24 – été 1999