Pas de quartier pour les emplois-jeunes

Publié par lalettrealulu le

Riche comme Job

Les jeunes des quartiers est de Nantes s’occupent comme ils peuvent en attendant de trouver un emploi. Surtout un emploi-jeune. L’association « Bien jouer », saisie par ces désœuvrés, s’interroge « sur les conditions d’attribution des emplois-jeunes » par la mairie. Et l’a fait savoir à Pascal Bolo, nouveau directeur de cabinet de Jean-Marc Ayrault, pétition de deux cents sauvageons à l’appui.

Très colère, les jeunes signataires dénoncent ce qu’ils ressentent comme « un réel sentiment d’injustice » : « Des témoignages convergents attestent de la dérive élitiste, voire clientéliste, des recrutements ».
Dans le quartier de La Bottière, les jeunes qui ont postulé pour des emplois d’agents de régulation et d’animation sportive n’ont eu aucune réponse, malgré « leur expérience à l’animation sportive, leur connaissance du quartier » qui « méritaient au moins que la mairie de Nantes ouvre leurs lettres de candidature. » Du coup, pas un jeune du quartier n’a été embauché.

Pire, les annonces de l’animation sportive ne sont pas affichées à la mission locale, contrairement aux directives de la ministre du travail Martine Aubry. « Les emplois-jeunes sont bidons, la mairie embauche des gars déjà qualifiés qui ne connaissent pas le quartier. On ne les voit pas sur le terrain… il ne faudra pas s’étonner si ça pète dans les quartiers », râlent les sempiternels exclus, qui rappellent que la ministre souhaite que « 20% des emplois-jeunes soient affectés en priorité aux jeunes issus des quartiers. »

Des noms de proches d’employés de la mairie fusent, « pistonnés d’avance sur les emplois-jeunes. Nous, on est juste bons à servir de bouche-trou pendant les vacances, lorsque c’est chaud dans les quartiers. Après, on ne nous connaît plus. » L’association « Bien jouer » demande d’urgence une réunion à la mairie pour « faire la lumière sur les conditions de sélection des emplois-jeunes ».

Pascal Bolo admet que « les jeunes posent une bonne question ». À laquelle il répond par une autre question : « Est-il toujours pertinent que les jeunes d’un quartier lambda soient embauchés sur ce quartier lambda ? » Une question un peu bêta lorsqu’on n’a pas l’alpha et l’oméga d’un début de réponse.

Catégories : N°23-24 – été 1999