Le sursis du crache-dégueu
Fournase
À Saint-Viaud, le pollueur officiel passe le réveillon tranquille. Mais il devra fermer ses cheminées à saloperies avant le réveillon suivant.
Spécimen d’une espèce en voie d’extinction, l’incinérateur hors-la-loi de Saint-Viaud, sémillante commune du sud Loire, est condamné à mort par les autorités. Mais pas tout de suite. Le machin pollue avec panache, mais sur avis de la Drire*, un arrété préfectoral a accordé un sursis. « Est-ce que ça vaut la peine de parler de ce vieil outil, qui est plus un four qu’un incinérateur ?» soupire le directeur d’exploitation, Jean Baconnet. Il vaudrait mieux laisser se fermer gentiment cette unité dont la gestion a été confiée par le Sivom de Paimbœuf à la société Sodimo. Si l’installation fut autorisée, en 1983, c’est qu’elle était dans la catégorie des moins de 6 tonnes/heure de déchets incinérés, pour laquelle il n’y a pas de réglementation. « À l’époque, cela permettait de dévier les normes », concède pour finir Jean Baconnet. Bien sûr, il serait de bon ton d’ignorer ces incinérations à échappement libre et ses cheminées sans aucun filtre, qui ont émis généreusement depuis seize ans leur lot de dioxines, furane, et acide chlorydrique. Il fallait bien cramer les ordures ménagères de Saint-Père-en-Retz, Corsept, Paimbœuf, Saint-Viaud et Frossay. En gros 50 000 tonnes de déchets partis en fumée toxique. Et puisque les autorités locales ne veulent pas investir pour remettre l’usine aux normes, l’arrêt des nuisances est fixé au 31 décembre 2000. Fin de siècle ou pas, il faudra encore respirer les poisons pendant un an. Nous vivons un siècle crachoteur.
Direction régionale industrie recherche environnement.