Plein les sacoches !!!

Publié par lalettrealulu le

PTT de thunes

Depuis un siècle, l’équation du calendrier mise en facteurs décline éphémérides et petits chatons, discrétion et picaillons.

Chez les facteurs, la tradition de monnayer le temps qui passe, version douze mois de chatons et sous-bois d’automne, remonte à la fin du siècle dernier, pour service rendu de courrier distribué qu’il pleuve ou qu’il vente. La Poste tolère la tradition, en souhaitant éviter de parler gros sous. Comme dit un facteur, le public chéri « pourrait jalouser ces revenus occultes, équivalents de deux à trois mois de salaire ». S’il y a bénéfice, il est non commercial, rétorque un facteur. « Ce n’est pas une vente, puisqu’il n’y a ni prix de vente ni TVA », précise un percepteur.

À l’origine, les recettes des calendriers compensaient un certain bénévolat : journal et baguette de pain portés à domicile, illettrés assistés dans leurs démarches administratives. Les habitudes se sont perdues, mais la majorité des facteurs prend sur son temps personnel pour faire le porte à porte. Selon les éléments fournis par un groupeur (employé à la distribution qui rassemble les demandes des facteurs, et touche une commission de 5% pour passer les commandes en juillet à l’imprimeur-éditeur), quelque 30 000 calendriers sont vendus sur l’agglo nantaise. Cinq intermédiaires assurent ainsi la représentation des imprimeurs, qui fournissent plus de 20 MF de commande.

Sur les deux centaines de facteurs assurant la distribution en ville, rares sont ceux qui boycottent les calendriers. En général, ils achètent (de leur poche) entre 150 et 250 calendriers, qui leur reviennent de 6 à 10 F, du « quart-lune », sans photos, au support couleur et cartonné : on s’adapte à la bourse de la clientèle. Gratification de fin d’année, le calendrier se vend de 15 à 300 F, selon le volume de courrier annuel et les services rendus.

Chiffre d’affaire local : entre 2,7 et 3 MF. Le bénéfice dépasse ainsi largement deux mois de salaire, et serait encore plus important en campagne. Mais un facteur justifie : « Si on nous donnait un treizième mois comme dans les grosses boîtes du privé, on n’aurait pas à faire la manche. » Sauf que La Poste ne rémunère pas mieux ses autres agents du tri et guichetiers soumis à rentabilité. Les aléas du poste-modernisme, sans doute.