Chauffe, harcèle

Publié par lalettrealulu le

Ayrault boulot bobo

Le rapport confidentiel qui rend malade Jean-Marc Ayrault conseille carrément aux employés municipaux stressés par leur boulot de se démotiver. Pour éviter de plus graves dégâts sur leur santé.

Tu bosses à la mairie de Nantes ? T’es malade ou quoi ? Le « rapport d’activité des médecins du travail, année 1998 » dresse un diagnostic pas franchement optimiste de la vie professionnelle des cinq mille salariés de l’entreprise municipale. Transmis avec retard aux partenaires sociaux de la mairie, avec le conseil impératif de surtout ne pas le divulguer, ce rapport de 31 pages conclut : « Le point de vue de la santé, au lieu d’être systématiquement pris en compte, est délibérément mis de côté ou même pas du tout sollicité si nous ne l’apportons pas nous-mêmes ». Pire, « la question de la santé n’est prise en compte que dans le discours » et aussi peu considérée que le souci de « la simple sécurité, qui nous semble être plutôt l’expression d’une crainte de responsabilité juridique que du respect des personnes ». Si les personnes se mettent à avoir mal au respect, on ne sait plus quels cachets leur donner. Mais si ça peut éviter un procès…

Les médecins examinent les « restrictions d’aptitude » qui interdisent, par exemple, de conduire, de porter des charges lourdes, et obligent parfois à des changements de poste. Constat : aucune action concertée n’a été possible avec la direction du personnel qui a proposé de « nouvelles procédures dont l’effet le plus visible est de laisser les centres de responsabilité se débrouiller de leurs problèmes de personnel et d’exclure du travail les agents les plus fragiles ». Faites gicler les faiblards, place au maousse costo. En juillet dernier, la Chambre régionale des comptes a révélé un taux d’absentéisme en croissance (9,3% en 1997), précisant que le pourcentage d’arrêt pour longue maladie a bondi de 20 % en cinq ans.

« Le stress professionnel augmente, et n’est en rien géré », repètent depuis des années les toubibs qui dénoncent la tendance au « discours d’exclusion » réclamant « les agents les plus qualifiés, les plus jeunes, les plus polyvalents » et surtout « pas fragiles ». Le rapport dresse un inventaire des effets du stress au boulot : « culpabilisation, impression de débordement, angoisses, dépressions, commençant par des réveils nocturnes avec rêves professionnels, sentiment de harcèlement de la part de la hiérarchie (…) Nous voyons de plus en plus d’agents qui expriment le sentiment d’être manipulés, désinformés, pris pour quantité négligeable, ce qui induit selon les personnes de la révolte ou de la dépression. Ceux que l’on dit “démotivés” n’en sont pas heureux, mais sont sans doute ceux qui ont les meilleures défenses ».

Mais ce rapport oublie qu’il doit rendre malade Jean-Marc Ayrault et Jean-Antoine Mathys, le patron des services. Il va falloir ajouter un paragraphe sur le mal à la tête de mairie. Reprend un peu de Prozac, Jean-Marc.

Timothée Mesta

Lutte de reclassement

Rendant hommage aux efforts des agents du service Emploi pour opérer des reclassements internes, le rapport annuel des médecins du travail note « un contexte manifestement de plus en plus difficile (pour ces agents) tant du fait de la charge de travail que du nombre d’injonctions contradictoires auxquels ils sont soumis. Mais il n’y a aucune transparence. Pourquoi tel agent est-il reclassé et pas tel autre ? Sur quelles bases sont établis les arbitrages ? A ces questions fréquemment posées, nous n’avons aucun élément de réponse. » Ce qui en terme poli, signifie qu’on se paye leur fiole.