Massacre à la dégauchisseuse

Publié par lalettrealulu le

Banderolicide

On n’avait pas vu ça depuis février 34. Invectives, coups de poings et coups de pancartes, la manif anti-marée noire du 5 février dernier a subitement tourné à l’horreur dans le couple PS-Verts. Récit.
De nos envoyés spéciaux cours des Cinquante-Otages.

Le drame s’est déroulé en un instant sous les yeux du public : on savait les tensions tendues entre écolos et socialos, personne n’imaginait un tel déferlement de violence. Hélas les faits tonnent comme un coup de canif dans le ciel municipal : lorsque la queue du cortège s’ébranle, les Verts sonnent le branle-bas de combat, le PS ne sait pas encore qu’il va se prendre une branlée.


Pourquoi tant de haine ?

L’enjeu est de taille : qui des écolos ou du PS sera dernier ou avant-dernier dans la manif ? Cinq jours plus tôt, les organisateurs décident de placer les partis politiques en fin de cortège, derrière les associations et les syndicats. Et pire, par ordre alphabétique. Les A comme Alternative rouge et verte approuvent, le P socialiste en prend son parti mais les V verts ne veulent rien savoir. C’est humain. Comme l’erreur du même nom.

L’abécédaire refusé, l’anarchie est à son zénith. Comme convenu, les partis se donnent rendez-vous place du Commerce, derrière tout le monde, à l’exception du PS qui convoque ses militants devant le café Le Français, à l’angle du Commerce et des Cinquante-Otages, c’est-à-dire presqu’en tête de manif. Provocation ? Durant plus d’une heure, les socialistes essuient les insultes des écolos et de l’extrême-gauche. Les esprits s’échauffent : « Vous n’avez rien à faire ici », s’insurgent les uns, « ça suffit ! », rétorquent les autres, la virulence des propos rend inutile toute tentative de parlementer, quand la manif démarre enfin. Il est 16h30, la tragédie est inéluctable.

Les Verts renouent avec la violence

Le PS laisse passer les associations et les syndicats, mais force les rangs devant les Verts. La confusion est à son comble, les services d’ordre bombent le torse, les premiers coups partent. Jean-Marc Ayrault, pacifiste dans l’âme, préfère s’éclipser que d’être vu du bon peuple dans cette terrible mêlée. Privé de chef, les socialistes subissent les assauts des hordes écologistes et se retrouvent bientôt pris en tenaille entre la banderole et le camion sono des Verts. Vont-ils battre en retraite ? Yannick Vaugrenard et Dominique Malinge, secrétaires fédéraux du PS, préfèrent périr que céder un pouce de bitume. L’honorable Roland Andrieu, soixante-quatorze ans aux prunes, élu socialiste depuis Chenard, traite de « pauvre con » un militant écolo. Bernard Renou et Gérard Aubron excitent leurs troupes vertes de rage. Ce dernier, élu Vert à la mairie, se met soudain à hurler : « Y’en a ras le bol des socialos ! », tandis que leur camion sono roule sur les socialistes, manquant d’en écraser des sections entières. Les poings s’envolent, les pancartes s’abattent sur les crânes en feu. Seuls le Vert Ronan Dantec et le député PS Patrick Rimbert essaieront de calmer le jeu, en vain. Il est 16h32, la banderole socialiste mord la poussière : la défaite est consommée, le dernier carré socialo doit se rendre à l’évidence, les écolos sont passés un à un devant eux, en tête du début de la fin. On appelle Bernard Kouchner ?

L’analyse du drame

Une traçabilité de la violence écologiste

Il n’y a pas si longtemps adeptes de la sandalette peace and love, les écolos chaussent à présent les rangers pour écraser les pantoufles fleuries de leurs alliés socialistes. Maltraités comme de vulgaires minoritaires par le PS, les Verts finissent par réagir en minorité agissante. « La violence des Verts s’explique par la contamination d’extrême-gauche », explique sous couvert d’anonymat un socialiste mort de trouille, « il y a une solidarité de fait entre les minorités de la gauche plurielle face à l’hégémonie du PS. » Doit-on craindre une dérive terroriste ? Assiste-t-on à l’émergence d’une fraction armée chez les écolos ? Dany et Dominique tiennent-ils leurs troupes ou servent-ils de vitrine légale ? Marie-Françoise Gonin s’est-elle inscrite dans un club de full contact ? Terrés dans leur forteresse municipale, les socialistes envisagent l’achat de sacs de sable. Du sable sans trace de fioul, on l’espère pour eux.