Baisse le son, on ne s’entend plus dormir !
Oreille en coin
Vendredi 23 février, Jean-Marc Ayrault et son adjoint à la culture ont prévu d’aller au très branché Bar du Coin, dans le quartier du Bouffay, pour voir à quoi ressemblent les jeunes d’aujourd’hui. Juste comme ça, histoire de prendre un verre et sans aucune publicité, peut-être pour ne pas énerver un peu plus les quelques électeurs grognons du quartier insensibles à la musique de jeunes.
Car Jean-Marc ne peut pas ignorer que depuis quelques semaines – comme par hasard – la plupart des cafés et des boîtes du Bouffay subissent un harcèlement municipal. Objectif : leur faire baisser le son, voire même leur couper la chique. Un agent de la ville, particulièrement agressif, effectue régulièrement des tournées, décibèlomètre au poing. Ainsi, le 16 février dernier, il pénètre sans prévenir au Bar du Coin et constate que le rade affiche joyeusement ses 89 décibels, au lieu des 65 autorisés. Et menace de fermer l’établissement. Le tenancier ne se démonte pas et lui propose de renouveler son test, cette fois sans musique. Résultat : 79 décibels, toujours au-dessus de la réglementation, simplement dûs aux voix des clients. L’appareil, pas plus gros qu’une grosse boîte d’allumettes, fonctionne-t-il correctement ? Ou faut-il réserver les bistrots du Bouffay à une clientèle de sourds-muets ?
En fait la mairie subit les pressions d’une association de riverains qui en a plein les esgourdes des nuisances sonores du quartier. Et porte plainte sur plainte. Ce qui peut se comprendre mais conduit les uns et les autres à un dialogue de sourds. Entre le droit légitime à dormir la nuit et celui, tout aussi légitime, à faire la fête dans le seul quartier de Nantes ayant une authentique vie nocturne digne d’une grande cité métropolitaine, il y a comme un conflit d’intérêt. Les risques encourus ne sont pas minces : trois à quatre mille francs d’amende par infraction constatée, fermeture administrative… Certains patrons de rade, conscients de la gène pour le voisinage, ont proposé de rénover leurs ouvertures, pas toujours très étanches. Las ! Les Bâtiments de France ont refusé tout net, rapport à la joliesse de ce quartier historique. Il est vrai qu’au XIVe siècle la musique électronique n’était pas aussi à la mode qu’aujourd’hui.