Bouffée de chalets à Pornic
Pornec plus ultra
Ce n’est pas parce qu’on a fermé les yeux sur 37 chalets hors la loi qu’il faudrait s’en faire une montagne. À Pornic, les élus concernés rasent les murs d’une embrouille grosse comme une maison.
Monsieur Roger Gobin n’est plus adjoint à l’urbanisme et à la truelle véloce pour longtemps. Lassé par de mesquines contestations de ses indulgences, il jette l’éponge et part vers des terrains moins troublés. Ceux de responsabilités régionales au Crédit Agricole, la banque qui a accordé aux gérants du camping de La Boutinardière un prêt pour s’installer, avec la bénédiction du même Roger Gobin, dont on ne sait plus si on doit louer ses qualités de banquier ou d’élurbaniste. Les Pornicais vont être privés de sa compagnie, puisqu’il n’a pas souhaité apparaître sur la liste du maire sortant, Philippe Boennec qui doit seul porter le poids du POS tourné en ridicule, de l’urbanisme à la sauvage, du laxisme des autorisations, ou même de l’absence de permis de construire. Ce brave médecin doit pourtant avoir une certaine compétence dans la chose construite près des plages, étant par ailleurs administrateur de la société anonyme nazairienne « Atlantique littoral promotion », qui fait dans l’immobilier sous la coupe du groupe Crédit Immobilier. Ce siège d’administrateur donne à Philippe Boennec une vraie légitimité pour assumer l’héritage de ces 34 constructions illégales sur sa commune en zone inconstructible : la justice pourrait bien condamner ces chalets du Camping de La Boutinardière* au démontage pur en simple avec remise en état du terrain. Ne parlons pas de l’extension sauvage des surfaces occupées par les caravanes et tentes sur un hectare de zones interdites au camping, ce ne sont là que des broutilles de surface. Privilégions les questions de fonds.
C’est ce qui arrive à Nivillac, en Morbihan, où seize « constructions légères de loisirs » (même définition officielle que les 37 de Pornic) installées sans permis de construire et en infraction au POS (comme à Pornic) auprès d’un centre équestre sont condamnées à la déconstruction immédiate. Les trois cogérants du centre équestre et des hébergements hors la loi sont sommés de démonter les cahutes avant le 17 mai, date à laquelle ils seront jugés.
Quant au maire de Nivillac, Jean Thomas, il a été estimé sans délai par les juges « suffisamment informé des procédures applicables, de ses propres compétences et de leurs limites » et « ne saurait invoquer la bonne foi dans les violations qui lui sont reprochées ». Dernière douceur, les juges condamnent le maire à 20 000 F d’amende, estimant « que sa culpabilité est plus grande encore que celle des autres prévenus en ce qu’il ne pouvait ignorer l’importance de l’irrégularité ». Ne faites pas lire ça au maire de Pornic, il va prendre ça pour lui.
* Voir « Halte à l’embourgeoisement des prolos », Lulu n°31, décembre 2000.