La maréchaussée est-elle soluble dans les marais ?
Brière pression
La pyromanie, une affaire qui marche en Brière, le pays où les enquêtes piétinent à grand pas.
Les bricoleurs de flammes ne craignent pas la cellule, surtout pas celle d’enquête des gendarmes qui vient de se dissoudre. La Brière est un pays merveilleux. On a cru y voir une terre de non droit, d’impunité pour les incendiaires de tous treillis. Funeste erreur. Trois jours après la parution du dernier numéro de Lulu préconisant aux coupables de se livrer spontanément à la maréchaussée, un sursaut de justice apparut. Les cinq mois d’enquête opiniâtre et diligente n’ont pas fait chou blanc : un chasseur a été sévèrement « mis en examen pour des coups de fusils tirés sur des panneaux »*. On respire. La quête d’une bande de pyromanes a mené sur un coupable majeur, permettant d’élucider la douloureuse affaire des panneaux routiers criblés de plombs.
Rusés, les pandores sont parvenus à lui mettre sur le dos le massacre à la tronçonneuse de quelques arbres, dans la nuit précédant la randonnée « Transbriéronne ». À l’audience, le 2 février, l’accusation n’évoque que des « suspicions, loin des certitudes », ne retenant que des dégradations sur le portail du parc animalier dépendant du Parc naturel régional de Brière. Quinze jours avant, la fière « cellule d’enquête » de dix gendarmes à temps plein, mise sur pied en septembre et consacrant « d’importants moyens » (pour une fois, on allait voir ce qu’on allait voir), était piteusement dissoute** sans avoir réussi à arrêter le moindre braconnier de papillon ou receleur d’allumettes de contrebande. A la mi octobre, le trentième anniversaire du Parc de Brière était fêté dans une ambiance de braises et de morosité après les incendies criminels de ses locaux, alors que le préfet rassurait en jurant que l’enquête des gendarmes travaillant d’arrache-pied commençait à produire des « résultats très encourageants ».
Dix enquêteurs à képis, quatre mois et demis d’investigations à temps plein, un bel effort pour le plus bredouille des résultats. Farouchement optimiste, le procureur de Saint-Nazaire a commenté la dissolution de son équipe d’arracheurs de pieds en soulignant que cet échec n’était pas vain, car la foule de renseignements glanés peut « demain se révéler précieux dans le cadre de nouvelles enquêtes »***. On respire… Il a ajouté que « force doit rester à la loi ». Il doit penser à la loi du silence.
* L’Éclair, le 8 décembre 2000
** Ouest-France, Le 20 janvier 2001
*** L’Éclair, le 23 janvier 2001.</I>