L’étagère à Lulu
Ton maire en short chez Roselyne
Roselyne Bachelot vient de sortir un petit bouquin sur les dérives du pouvoir municipal. C’est une histoire de mecs.
« Mais qu’est-ce que tu fabriques à droite ? » lui a demandé un jour Marc Jolivet, l’écolo rigolo. « La droite c’est ma famille, lui a répondu Roselyne Bachelot, je fais mon travail. Fais le tien chez les écolos, c’est comme ça que les choses avanceront. » Et Roselyne, l’égérie du Pacs, sa fonction d’aiguillon, elle la remplit plutôt bien. En témoigne le petit bouquin qu’elle vient de sortir sur les municipales. Le style de cet essai sur les limites et les dérives du pouvoir municipal est certes un peu agaçant (attention aux clichés Roselyne), mais le propos est clair, direct, délesté de toute démagogie, l’argumentation est politiquement bien charpentée, et l’ensemble se révèle tout à fait convaincant.
Roselyne, qui ne se représente pas aux municipales d’Angers, après avoir siégé six ans sur les bancs de l’opposition, commence par pointer du doigt la clef de répartition des sièges dans les villes : « Un scrutin confiscatoire » ne laissant que quelques strapontins aux perdants du second tour. Résultat : « Entre une opposition écrasée et sans moyens, et une majorité silencieuse et servile, le césarisme municipal a le champ libre. » Ce césarisme, qui se traduit dans le vocabulaire même des maires : « Ma mairie, comme ils disent », devient, selon Roselyne, étouffant pour la démocratie. « Le sentiment de propriété qui habite les maires n’est pas une dérive pathologique propre à quelques individus, mais bien une névrose – peut-être masculine ? – secrétée par l’institution. » Après avoir pointé le manque d’impertinence et de recul des médias locaux (« nul ne peut nier cet affadissement idéologique rédactionnel »), Roselyne avance quelques solutions, notamment la mise en œuvre d’une démocratie participative, comme le référendum d’initiative locale, paradoxalement prévu par les textes mais très peu utilisé. « Ce sont les municipalités de gauche qui, curieusement, apparaissent les plus rétives à une démarche participative », relève la députée, non sans malice. Une exception toutefois dans le tableau, une femme de gauche, maire de Châteaubriant a droit à un coup de chapeau : « Martine Buron a institué des enveloppes de quartiers : les habitants peuvent gérer de façon autonome un crédit de 120 000 francs pour améliorer leur environnement. » L’hommage à une élue de Loire-Inférieure devait être relevé, et le bouquin signalé aux impétrants qui courent le risque dans quelques mois de parler de « leur » mairie aussi instinctivement qu’ils parlent aujourd’hui de « leur » femme.
Les maires : fête ou défaite ? Roselyne Bachelot-Narquin, éditions Anne Carrière, 122 pages, 70 francs.