Muscadet sur heil
Nom propre
L’histoire se boit jusqu’à la lie. Un muscadet, vin réputé guilleret, a perdu de sa légèreté en se retrouvant convié à la table de la réhabilitation. Armor Magazine de décembre 2000 présente la réclame pour le muscadet du domaine du moulin de Sainte-Catherine, à la Remaudière (Loire-Inférieure). Limitée à mille bouteilles, la cuvée porte le nom de Roparz Hémon, uniquement présenté comme « linguiste du 20e siècle, grammairien et lexicographe, unificateur du breton moderne ». Pas faux mais un peu incomplet. Le collège Diwan de Brest qui portait ce même nom a fini par le débaptiser tant Roparz Hémon n’était pas présentable sous tous rapports, notamment son implication dans la radio couvée et financée par l’Occupant allemand. Les doutes sur le rôle du linguiste sous l’Occupation ont été ravivés par des recherches historiques indiscutables : « Roparz Hemon est bien le créateur de l’idéologie totalitaire bretonne », affirme et s’attache à démontrer Ronan Calvez dans une thèse de doctorat consacrée aux émissions radio en langue bretonne entre 1940 et 1958*.”
« Écrivain breton très prolifique, auteur notamment d’un cours élémentaire de breton, Roparz Hemon a produit quelques écrits à caractère antisémite avant d’animer, à partir de 1945, les émissions en langue bretonne d’une radio subventionnées par la Propagandastaffel national-socialiste. À la Libération, il sera condamné à “l’indignité nationale” et mourra en exil à Dublin**.«
Toutes ces vieilleries n’ont pas gêné le viticulteur, Alan Coraud qui fut un des premiers insoumis bretons, mais aussi témoin de moralité de Frédéric Oriach au procès des Nadap, et aujourd’hui proche des thèses du finistérien de droite Jean-Yves Cozan. Rien qui puisse gâter le pinard.
* Ouest-France, le 21 décembre 1999.
** Libération, 11 mai 2000.