Le fabuleux destin de François Autain
Au confort moderne
François Autain, au terme de deux mandats au Sénat, soit dix-huit ans, voulait remettre le couvert. C’est humain, mettez-vous à sa place. Outre les émoluments et le prestige liés à la fonction, outre que sénateur ne requiert pas un travail de forçat et donne lieu à toutes sortes de loisirs plus plaisants les uns que les autres, outre que ce mandat n’oblige pas à se fader les électeurs de base, François Autain avait réussi à mordre dans un des fromages les plus enviés de la République : la questure du Sénat.
Devenir questeur est un must du personnel politique. Cette charge discrète d’administrateur du Sénat* est un peu la queue du Mickey du manège parlementaire. Outre un bonus de 18 000 francs**, un appartement de fonction de 250 m² dans les quartiers chics de Paris, un autre à Versailles, du personnel de maison, être questeur permet de disposer à sa guise d’une jolie petite cagnotte pleine de gros millions. Ce qui permet par exemple d’arroser de subventions diverses et variées les maires des petites communes, accessoirement grands électeurs aux sénatoriales.
C’est étonnant mais c’est légal, et, depuis deux ans, François Autain ne s’en est pas privé. Cette utilisation à fin de carrière personnelle des deniers publics lui a permis d’être réélu pour neuf ans, et ce malgré son éjection de la liste officielle du PS. “François Autain n’a fait que ça depuis deux ans : il a passé presque tous ses déjeuners au restau, promettant à tout le monde une part du gâteau”, confie un proche d’Ayrault. “Mais il se fout complètement de ceux qui l’ont soutenu, tout ce qui l’intéresse c’est de mener grand train à Paris.” Si on ne peut plus sortir le soir !
Les gens sont d’un mesquin… D’ailleurs, à peine les résultats proclamés, François Autain s’est empressé d’appeler son pote Michel Charasse pour fêter ça dans un restau parisien, qu’il a fait ouvrir rien que pour eux. Comme quoi il ne mange pas qu’avec des petits élus dans la nécessité.
* La même fonction existe à l’Assemblée nationale.
** Qui s’ajoute à l’indemnité mensuelle de 36 516 francs.