Louboutin rend son tabloïd
Inné narrable
Notre impayable pépédé de bénitier a tenté de prendre la direction de L’Hebdo de Nantes. Il a préféré renoncer, faute d’un accueil à la hauteur de ses légendaires qualités.
Les journalistes de L’Hebdo de Nantes sont d’authentiques goujats doublés de petits professionnels de rien du tout. Ils viennent de refuser la nomination à la tête de leur journal du grand sauveteur de la presse nantaise, le célébrissime Hervé Louboutin. Ce dernier devait, à la rentrée, prendre la tête d’un groupe de presse comprenant Le Nouvel Ouest et L’Hebdo de Nantes et transformer ces deux canards boiteux en phares de la presse régionale. Las, la manœuvre a échoué et Hervé va devoir, à son grand dam, se contenter de l’édito du Nouvel Ouest pour éclairer l’actualité régionale de sa proverbiale lucidité.
C’est un coup de gueule de Jean-Pierre Coudurier, patriarche de la famille propriétaire du Télégramme de Brest et actionnaire majoritaire de L’Hebdo, qui a tout déclenché au début de l’été. En faisant ses comptes, le vieux a réalisé qu’il avait perdu 13 millions de francs en un an, suite à des investissements quelque peu téméraires sur internet et dans la presse nantaise. L’Hebdo représenterait à lui seul 5 millions de francs de pertes sur le dernier exercice. Du coup, Hubert et Édouard, les deux fils, ont été sommés de trouver une solution pour L’Hebdo. “Ils auraient pu tout plier et s’asseoir sur leurs pertes, mais ils ont préféré poursuivre l’activité, le temps de trouver un repreneur. Histoire de récupérer quelques billes”, commente un Finistérien proche du dossier, comme on dit.
C’est là qu’apparaît l’inénarrable Hervé. L’animal ne pèse pas bien lourd financièrement, son Nouvel Ouest ne décolle toujours pas d’une semelle, mais il parvient encore à faire illusion dans certains salons de Morlaix et de Ploudalmézeau. Notre Loulou régional parvient donc à convaincre Édouard, le gentil PDG du Télégramme, de lui confier la direction de L’Hebdo, le temps de trouver des partenaires solides pour le relancer. Son projet immédiat : fusionner les rédactions du Nouvel Ouest et de L’Hebdo et faire ainsi de notables économies d’échelle. Il s’agit, en d’autres termes, de faire tourner sa propre crémerie sur les fonds du Télégramme. Pas con. Connaissant quelque peu l’animal, Hubert Coudurier déjoue ce scénario, et refuse de participer à l’aventure dans ces conditions. Plus embêtant, la rédaction s’en mêle et alerte la direction générale du Télégramme sur les effets désastreux que pourraient provoquer l’arrivée de Louboutin à la tête du journal. Édouard amende alors son plan et demande à Ferdi Motta, grand reporter au Télégramme, de prendre la direction de la rédaction. Loulou est relégué au rang de directeur délégué, chargé des relations extérieures. C’est encore trop pour les collaborateurs de L’Hebdo qui ne veulent à aucun prix voir leur signature associée à celle de ce “réac intégriste”. Mais où vont-ils chercher tout ça ? Loulou est alors rétrogradé au rang d’administrateur délégué, un titre qui ne veut pas dire grand chose et qui ne l’autorise ni à figurer dans l’ours du journal ni à signer dans ses colonnes. La pilule commence à devenir difficile à avaler pour Hervé, qui rêvait tant d’un poste de directeur, distribuant les bons et les mauvais points à une ville ébaubie. Humilié, lâché par tous, il finit par capituler un triste matin de septembre. Lulu en aurait presque écrasé une larme. Loulou à la tête de L’Hebdo, ça avait quand même de l’allure. Et ça nous aurait mis un peu d’ambiance. Heureusement Hervé a de la ressource. Nul doute que nous le retrouverons au prochain numéro.
Dédé Pipé
Lou bouté
On s’attaque à la liberté d’entreprise ! Notre ami Hervé Louboutin, courageux patron du Nouvel Ouest, a été condamné le 9 juillet dernier par le conseil des prud’hommes de Nantes pour avoir licencié “sans cause réelle et sérieuse” son directeur de la publicité, auquel il reprochait de ne pas faire rentrer suffisamment de réclames. Reconnaissons que, vu le niveau des ventes du Nouvel Ouest*, trouver des gogos qui acceptent de passer à la caisse relevait de l’exploit. Voire de l’exploitation.