Attaque du biotope de 13 salariés

Publié par lalettrealulu le

Lutte de classes vertes

Comment se faire virer, tout naturellement…

La Maison de la nature de Bois-Joubert à Donges, au bord de la Brière, c’est fini. Treize salariés licenciés. Adieu veaux, vaches, cochons, couvées, de la ferme pédagogique pour enfants. Les animaux sont vendus. La structure était déficitaire, mais les recettes d’autres animations de l’association compensaient les pertes de cet outil d’éducation à l’environnement, très apprécié des instits et des mômes, de Saint-Nazaire à Angers. Les administrateurs de la SEPNB Bretagne Vivante, qui gérait le site depuis vingt ans, ont décidé de fermer. Jérôme Moreau, le délégué du personnel est un peu écœuré. Pour tenter un sauvetage in extremis de la structure, il est allé voir des maires du coin, le conseiller général : c’est la première fois qu’ils rencontraient quelqu’un de Bretagne Vivante. Jamais avant, on n’a vraiment cherché de financements publics pour cet espace d’accueil de primaires et maternelles, à l’intérêt évident. Premier constat : les limites de la forme associative quand il s’agit de gérer du personnel. Avec une directrice de site, un tuteur, le conseil d’administration, le bureau, et un directeur régional de l’association, les salariés ne se pensaient pourtant pas largués dans la nature. « On a cherché à nous impliquer en nous demandant des propositions de sauvetage quand il était déjà trop tard, pour nous impliquer dans la défaite », note Anne Frizza, chargée de l’hébergement et de l’intendance.

Cet épilogue piteux relève aussi l’ambiguïté d’un projet que les administrateurs bénévoles, naturalistes et observateurs puristes de la faune sauvage n’ont pas soutenu. Ses promoteurs, dont Jean-Claude Demaure, n’étant plus aux commandes de l’association, Bois-Joubert tombe à l’eau.

Le plus navrant, c’est qu’au même moment, naît juste à côté un projet similaire. Avec de gros moyens, trois millions d’euros d’argent public et de mécénat. À Branféré, dans le Morbihan, Nicolas Hulot vient d’inaugurer une « école de la biodiversité » accueillant des scolaires et des groupes. 70 lits sont prévus. À Bois-Joubert, il y en avait 80. Va falloir en faire du compost.