M. le maire a le feu au cumul
Petite distribution
En faire trop : tout un art acrobatique.
Un anodin surcroît de casquettes peut nuire à la prestance naturelle qui fait qu’on distingue un être d’exception d’un vulgaire quidam. Prenez Philip Squelard, par exemple. Un brave garçon. Un peu hyper actif peut-être : maire de Trans-sur-Erdre depuis 1989, conseiller général du canton, président du Comité départemental du tourisme, vice-président de la communauté de communes d’Ancenis et comme il s’embêtait un peu, président du centre départemental de gestion de la fonction publique qui regroupe neuf milliers d’agents. Mais comme tous ces jetons de présence ne mettent pas assez de beurre dans les épinards, il s’était mitonné un boulot aux petits oignons. À Trans, M. le maire présidait l’association de gestion de la maison de retraite, où sa femme était directrice. Madame quitte ses fonctions en 1996. Philip Squelard passe aussitôt de président à directeur salarié de la maison de retraite. « Vu les aléas de la vie politique, j’ai estimé normal d’avoir une activité rémunérée me donnant aussi une couverture sociale », explique le brave Philip*. Pauvre Philip, victime des aléas de la vie salariée, purement et simplement viré en juin de la maison de retraite pour « mauvaise gestion et manque de présence dans l’établissement ». Ça va faire bien sur son CV. On lui a fait grâce de travailler pendant ses deux mois de préavis de licenciement. On arrête les frais.
On lui reproche d’avoir mélangé les crayons des comptabilités : il approvisionnait la maison de retraite à la supérette du bourg, épicerie qu’il subventionne en tant que maire, pour garder un commerce dans le patelin. Le hic, c’est que l’épicerie communale, plus chère qu’ailleurs, a plombé la compta de la maison de retraite : client captif, le foyer de vieux assurait un quart du chiffre d’affaires de l’épicerie. Monsieur le maire n’en fait qu’à sa tête de gondole.
* Ouest-France, 31 août 2002.