Faut pacifier !
Tour opérator
Même contre leur gré, faisons le bien des pauvres pays lointains qui se traînent lamentablement au bas du palmarès de la croissance mondiale. Même si cet export de bonne action hésite entre l’usage personnel et l’exotisme culturel. Deux exemples, lus le même jour dans la presse locale. Le général Thonier revient à Nantes de campagne de pacification armée au Congo. Il y a commandé commandos de marine, légionnaires et troupes internationales. Il appelle ça « une famille dans laquelle chacun protège l’autre ». Entre blancs bidasses, s’entend. Il en tire un bilan ravi : « Je suis fier d’avoir ramené les hommes chez eux, tous en bonne santé ».* Pacifier, c’est bien joli, mais si c’est pour attraper le paludisme ou un coupdemachettisme aigu, faut pas déconner !
Les étudiants de l’Institut catho des Arts et métiers reviennent du Tamil Nadu, au sud de l’Inde. Ils y ont amené de l’aide, des sous, et donné un coup de main à construire une maison, avec pour objectifs « d’abord la rencontre d’une autre culture et le partage de la vie des Indiens ; ensuite la réalisation d’un reportage pour le Secours Catholique»**. C’est ça l’humanitaire bien pensant, un brin Connaissance du monde, un zeste Nouvelles Frontières. Ça fait de jolis souvenirs. Le monde restant une terre de mission pour missionnaires, à sabre et à goupillon, les Nègres n’ont qu’à bien se tenir.
* Ouest-France, le 27 septembre et le 16 octobre 2003.
** L’Éclair, le 27 septembre 2003.