Fiche-moi le camping de là !
Piquet d’attente
Être prié de décamper avant d’avoir pu ouvrir son camping quatre étoiles, y’a de quoi se demander si on s’est doté de sa bonne étoile.
À La Bernerie-en-Retz, la mairie campe sur ses positions. A 400 mètres de la plage, tout près du centre du bourg, Sylvain Gaudou imaginait établir un joli petit terrain de camping quatre étoiles de 90 places, du haut de gamme qui n’existe pas sur la commune. Tout paraissait baigner, le terrain de plus de 2 ha qui lui appartient étant situé en zone Nal, dédiée aux loisirs, au tourisme et aux sports sans oublier « les campings-caravanings et parcs résidentiels de loisirs », comme le stipule le Plan d’occupation des sols de 1991. Il dépose une demande permis de construire en décembre 2002. En mars dernier, la Commission départementale de l’action touristique émet un avis favorable. Seulement voilà. Le maire refuse mordicus d’accorder permis de construire et permis d’aménager. Il a même déniché un « intérêt public » contraire à ce projet, stipulant qu’il faut absolument créer un nouveau terrain de foot en doublon de celui qui existe déjà. Les sportifs du cru manqueraient-ils à ce point d’espace ? En fait, faute de pousseurs de ballon du cru, l’Entente de la Baie, le club local, regroupe trois communes, mais n’aligne que deux équipes. Ces joueurs viennent de se voir doter de vestiaires tout neufs, inaugurés par le même maire en mai dernier. Le nouveau terrain de foot a tout l’air d’être un prétexte tactique. D’autant qu’un terrain voisin est à vendre et qu’il y a la place pour cet éventuel champ de baballe qui ne servirait à rien.
Un peu joueur, le maire maquille un peu la vérité en prétendant un peu au conseil municipal que le projet a été un peu refusé, car il « n’a pas reçu l’accord de monsieur le préfet ». Forcément, ledit préfet n’a jamais été saisi de rien du tout par la municipalité, et n’a pas eu la présence d’esprit de donner son d’accord. C’est pas joli joli, le mensonge par omission, monsieur le maire. Dernier tour de passe-passe lors de la révision du Plan Local d’Urbanisme qui remplace l’ancien POS, les 45 hectares de la zone Nal imaginée pour le développement touristique sont devenus terres agricoles, donc impropres à un camping. Il n’y a pourtant plus un seul paysan sur la commune, mais pourquoi chipoter. C’est comme ça. On pourra toujours les désagricoliser dans quelques années pour construire. Autre bizarrerie, la décision de refus du permis de construire adressée en recommandé dans l’après-midi qui précède le conseil municipal censé prendre la décision. Le tribunal administratif a été saisi en mai du refus de permis de construire.
Sylvain Gaudou espérait ouvrir l’été dernier. Une saison de fichue. Depuis, il est au chômage. Le maire, pas chien, lui propose de faire son camping sur un autre terrain. C’est de l’autre côté de la « Route bleue ». Super pour aller à la plage en franchissant la voie express à quatre voies. Chérie, j’ai oublié l’ambre solaire à la tente. Appelle un coursier !