La parole est d’argent
« La prison est devenue le traitement de tout ce qui dérange à l’extérieur », reconnaît Véronique Vasseur, ex-médecin chef de la prison de la Santé* pendant 15 ans, invitée récemment à Nantes en toute discrétion médiatique. « On peut aussi décider de la vider de 70 % de ses occupants»… à condition que d’autres institutions plus adaptées à la situation de chacun prennent le relais, « mais à chaque fois que l’on constate une baisse de l’État social, on constate une hausse de l’État pénal ». Même voix de la part d’un responsable CGT de la maison d’arrêt : « On ne peut pas se satisfaire d’accueillir des gens condamnés cinq ans avant et qui viennent exécuter un reliquat de 15 jours. On retire des gens de la société, mais comment va-t-on les rendre ?»
* Médecin chef à la prison de la Santé, Éd. du Cherche-midi. Un témoignage brûlot paru il y a quatre ans qui avait permis aux députés et sénateurs de prendre conscience de la situation et de crier leur honte de la République. Depuis, l’eau a coulé sous les ponts, un ministre de l’Intérieur est passé et on compte 10 000 détenus de plus en France depuis l’année dernière.