Conseil Mareschal
Coupes roses
Repeint en rose sous la houlette de son grand Mareschtroumpf, le Département chasse les sorcières, le naturel et le retour au galop.
Stand by me. Liberté Égalité Choucroute
Dans un entrepôt appartenant au conseil général, à Couëron, sont remisées les structures et la déco de tous les stands réalisés sur mesure depuis quinze ans pour des salons et évènements, genre Ramdam à l’Ouest, La Folle Journée ou le Salon Nautique… Si certains sont sûrement vieillots, bons pour le rencart, beaucoup ne méritent pas forcément de passer au pilon. Les nouveaux maîtres du Département, du passé faisons table rose, ont pourtant décidé de tout détruire. La destruction devient une vraie culture locale. Avant le second tour des élections, deux machines à détruire le papier en le lacérant, vulgairement dénommées “choucrouteuses” ont été mises en action au Département. À la Région, la nouvelle équipe n’a trouvé qu’une choucrouteuse, mais elle avait tellement chauffé qu’elle était carrément inutilisable. Le surmenage, c’est la version énervée du ménage.
À poil Gaudin ! Le cabinet était fermé de l’intérieur
Avant l’avènement du PS au Département, une revue de presse était mise en ligne chaque matin sur l’intranet des 2500 agents du Conseil général, leur permettant de se constituer des dossiers personnels sur les sujets les plus pertinents pour leur activité. A peine en place, Patrick Gaudin, le nouveau dir cab, a exigé de valider lui-même la sélection d’articles. Du coup, la revue de presse n’a pas été disponible avant 17 h. Un peu défraîchie, à l’heure où les fonctionnaires pensent à boucler leurs tiroirs jusqu’au lendemain. Le nouveau dir cab, contractuel en chef, veut tout contrôler. Il a surpris tout le monde en siégeant dans une commission technique paritaire à laquelle n’assistent normalement que des fonctionnaires et des directeurs de service. Attention au stress qui menace les bizuths activistes.
Mareschal ferré. Le rattachement à la galette
Les recalculés, c’est bien joli, mais y’a pas un chômeur élu rose au conseil Mareschal. Alors bon. C’est mieux d’avoir des sous pour faire de la politique que pas un rond pour aller boire des demis à crédit au café du coin. Au conseil général, Patrick le Grand Mareschtroumpf met cette pensée en action. Depuis 2001, quand les groupes politiques ont été reconnus au Conseil général (à partir de 20 élus minimum), l’assemblée a décidé de leur attribuer des moyens financiers, pour embaucher assistants, secrétaires et collaborateurs. Normal, républicain et légitime. Sous le règne de Trillard, une dotation de 53 453 euros par an était prévue pour vingt élus, chaque élu supplémentaire accordant un rab de 3053 euros par an. Ce mode de calcul dotait l’ancienne majorité de droite de 86 896 euros, et l’opposition socialiste de 74 700 euros. A peine installée, la gauche a revu la règle à son grand avantage. Tous les élus de la commission permanente ont découvert la proposition le mardi pour un vote le jeudi, noyé dans 111 rapports représentant 500 pages à analyser. Il y a deux ans, la gauche, minoritaire au Département, dénonçait vertement des embrouilles similaires, “les dossiers épais comme ça communiqués seulement le jour de la commission”*.
Les temps changent. La dotation gonflée aux hormones n’a pas donné lieu à la moindre concertation avec la droite, mise devant le fait accompli. Ce qui a changé, c’est le barème de l’élu supplémentaire, après les vingt de base. Désormais, le 21ème élu et les suivant rapportent chacun 23 070 euros. Presque huit fois plus qu’avant. Du coup, la manipe attribue 145 638 euros à l’opposition de droite et ses 24 élus, et 353 268 euros à la gauche pour ses 33 sièges. Près de 2 fois et demi ! Un vrai pactole ! Moralité : Tiforp titep ed sap a’y ! (C’est pas du breton, mais avant, quand on disait « y’a pas de petit profit », le mot profit était à droite)
* Ouest-France, le 22 juin 2002.
Du bureau, faisons table rase
Sous l’ancien régime, deux bureaux de verre, au design contemporain, trônaient, l’un dans le bureau du président du conseil général, l’autre dans celui de son directeur de cabinet. Du mobilier installé depuis près de vingt ans et gardé par les différents prédécesseurs. Le nouveau dir cab socialiste n’a pas voulu garder ce “symbole capitalo”. Du passé, faisons table rose. Il a fait retirer le burlingue transparent en arrivant, et a aussi fait mettre au rencart le tapis. Et comme ce tapis cache-misère dissimulait un trou dans la moquette, c’est la moquette qui a aussi été remplacée. Contre le capitalisme, relançons l’économie par le caprice. Quitte à confondre l’apparatchik avec le chic de l’apparat.
Garden-parti socialiste
Depuis deux ans, le 14 juillet, la garden-party du Département invitait les corps constitués, maires et militaires, consuls et patrons de presse. Fustigeant ces abominables dépenses de communication de droite, Patrick Mareschal et ses troupes boycottaient alors le raout, qui rassemblait 650 personnes. Le chef de l’opposition fulminait alors contre le “budget tenu secret” d’une “manifestation sans contenu et dispendieuse”*, et dénonçait “ce type d’utilisation des fonds publics qui entretient chez les citoyens la défiance et le rejet de la vie politique”. Cette année, devenu Grand Mareschtroumpf en chef, amnésique, il a fait adresser 3 000 invitations aux mêmes, à la même date pour une garden-party (le budget est garanti à 12 euros par tête de pipe) rebaptisée “fête républicaine”, à laquelle s’ajoutent les militants de gauche, conviés à fêter la victoire socialote de mars dernier, pourtant déjà célébrée en photo dans le dernier magazine du Département. Voilà de la communication innovante : tous les quatre mois, le Mareschtroumpf va inviter son monde pour commémorer son avènement.
* Ouest-France , le 21 juin 2002.
Limoges en Loire-Inférieure
Depuis sa naissance le 17 janvier 1790, le conseil général n’avait jamais connu de purge. Un oubli rattrapé. Si lors de toute alternance après élection, les cabinets et les dirigeants des services communication sautent, le limogeage peut être plus ou moins élégant. Le PS n’a pas mis les gants. Déchargé de tout dossier, l’ancien dir com est au placard jusqu’à sa fin de contrat en mars 2005. La chef du service de presse a été virée dès le jour de l’élection du nouveau président. Dernière gentillesse, son formulaire de fin de contrat de travail (indispensable pour toucher les Assedic) est mal rédigé, omettant de noter que la rupture du contrat est à l’initiative des nouveaux patrons du conseil général. Sur le papier, elle était donc démissionnaire ! Et le document mentionnait “fin de période d’essai” pour un contrat débuté en 1996… Virée, elle a donc du quémander un document plus conforme. Pour lui éviter le traumatisme d’une rupture trop brutale des relations conviviales, sans doute.