Les brèves

Publié par lalettrealulu le

Verveine menteur. Verne manque de lettres

Déjà fière d’avoir laisser accoucher le petit génie Jules, Nantes tente le pluriel pour annexer tous les Vernes. Sur le site de la Ville, nantes.fr, le musée dédié à l’écrivain y est orthographié “Jules Vernes”, comme le Henri Vernes, digne papa de Bob Morane. Mais les ouèbemasteurs nantais du site municipal seront pardonnés, ils partagent cette grossière erreur orthographique avec pas moins de 1 850 sites dans toutes les langues, à en croire une rapide recherche Google. Sur la lancée, en trafiquant quelques lettres à Verne, on doit aussi pourvoir faire passer Nantes pour la patrie de Verlaine, d’Horace Vernet et d’Henri Verneuil, voire de Véronèse et de Vercingétorix.

Jet sardine. La foire aux placementeurs

Au même moment que la World Investment conférence, s’est tenu à Nantes le plus modeste salon Start West, une bourse aux investisseurs, chassés par les porteurs de projets. L’un de ces tartarins du capital nomade dévoile sa stratégie du bluff. Son modèle : Dédé La Sardine. Alias André Guelfi, figure médiatique du bizness et homme d’affaire en vue de l’Affaire Elf. Un grand. “Il disait, rappelle cet enthousiaste chasseur de partenaire, que même quand il était fauché, il avait gardé son jet et sa jaguar : ça lui a permis de décrocher des marchés”*. Conseil aux chômeurs en fin de droits : ne bradez pas votre mobylette pour boucler une fin de mois. C’est votre seul potentiel de bluff. Un vrai capital.

* Ouest-France, le 27 mai 2004.

C’est pas la caméra boire. Tournage sans casting

La vidéo surveillance est devenue une banalité urbaine. Au petit bureau de poste du Champ de Mars, l’espace du public, pas plus grand qu’un living room, est sous l’œil de six caméras ! Les trams et bus de la Tan sont équipés de caméras planquées. Le moindre distribanque est coiffé d’un de ces bigs brothers électroniques. Depuis l’an 2000, St-Herblain assume fièrement l’extension de la vidéo surveillance à 80 bâtiments publics. Plus quinze caméras branchées vers l’espace public, autour du centre commercial d’Atlantis notamment. Une expérience pilote dans l’Ouest. Une surveillance 24 h sur 24, avec du personnel en régie en permanence. Souriez, vous êtes matés.

Quarantaine. Les clodos au boulot !

Le traitement des sans-abri d’aujourd’hui ravive la notion d’“indésirables” chère à Vichy. En 1941, une rafle des clochards nantais les conduit de force au camp d’internement de Montreuil-Bellay, près de Saumur, enfermant surtout des gens du voyage. Aucun de ces clodos n’a survécu aux rigueurs de l’hiver 42. Bien avant l’idée de retour au travail forcé pour les rmistes, Vichy y a déjà pensé : “Les autorités d’Occupation viennent de prescrire à la municipalité nantaise la création immédiate d’une Maison de Travail destinée à recevoir les ivrognes invétérés, les mendiants, les clochards, les souteneurs, en un mot, tous les désœuvrés qui déambulent dans nos rues”, écrit Le Phare de la Loire, le 22 juillet 1940. Dans cet atelier prison, les internés “devront, sous bonne garde, effectuer les travaux qui leur seront prescrits”. Des baraques au bout de l’Île Gloriette, qui avaient hébergé des travailleurs Nord-Africains, sont équipés de bat-flanc et de paillasses pour des “travaux très simples : sciage de bois, fabrication de parpaings”. Si on pouvait retrouver ces parpaings pour murer les squats d’aujourd’hui, le passé servirait enfin à quelque chose.

Court métrage. Le banc des accusés

Cité de Tolérance, Nantes aide les gueux à lutter contre le farniente. Les bancs publics trop petits pour s’allonger se multiplient, parfois en rajoutant des arceaux, pseudos accoudoirs bien dessinés. Un must dans la panoplie d’une gestion sécuritaire du territoire urbain normalisé. La station Commerce ont de tels arceaux coupe-bancs. Les abribus ont leurs repose-fesses trop étroits pour s’asseoir vraiment, encore plus pour se coucher. Le mobilier urbain devient répulsif, mais avec un certain sens de l’esthétique. Vive l’exclusion design. La place du commandant L’Herminier, conçu par l’artiste Dan Graham, propose ainsi huit bancs où seuls des gens de moins d’1,41 m peuvent s’allonger. Un hâvre pour Blanche-Neige roulée en boule et les sept nains. Le banc raccourci élimine les formes traînantes. Fermez le banc !

Navigationniste. Vieille coque à double fonds

L’euphémisme des comptes-rendus de correctionnelle appelle ça une “gestion douteuse”. Pierre Gauthier avait piqué 19 500 euros dans la caisse d’une association qui gérait le monument historique flottant : le Léchalas, il l’avait acheté presqu’épave il y a vingt ans, pour le restaurer. Dans le but de bénéficier de subventions pour retaper la coque de noix à vapeur, il l’a vendue un franc symbolique à une association qu’il crée, et dont il devient président-trésorier. La plaisanterie d’avoir estampé son asso lui coûte 8 mois de taule avec sursis, 5000 euros d’amende et 5 ans d’interdiction de gérer une association. Situé à l’extrême-tribord, Pierre Gauthier est aussi connu des renseignements généraux pour être passé du FN au MNR de Bruno Mégret, et pour prêter son Chateau du Plessis du Vair à Anetz, Loire-Inférieure, aux manifestations de cette frange de gais lurons, Le Pen, puis Mégret et ses sbires. La navigation en eaux troubles mène à tout. Même au MNR.

Diabète et méchant. Un geoli coup de filet

Le 3 juin, Yves*, militant breton d’Emgann, se fait cueillir chez lui, au petit matin, par les policiers antiterroristes, casqués, visière rabattue pour masquer leurs visages. Le prétexte : l’affaire des bombinettes à Cintegabelle et à la mairie de Belfort, toujours non élucidées. Yves est aussitôt menotté dans le dos, embarqué sans ménagement. Cancéreux, diabétique et insulino-dépendant, il prévient pourtant de ses soucis de santé. Serrer les menottes est dangereux pour sa circulation, et sa tension, sujette au yoyo. Les policiers n’en tiennent pas compte, mais embarquent la sacoche contenant de quoi se faire toutes les 4 heures les piqûres d’insuline. Emmené dans les geôles de la PJ, il fait un coma diabétique moins de 3 heures après. Etendu sur le carreau, il a juste le temps d’entendre dire “Il va claquer, il va claquer !”, perd connaissance et se retrouve à l’hosto, les poignets marqués, la chair entaillée par les bracelets de police. Et dire que le kit mains libres, on croyait que c’était conseillé !

* Le prénom a été changé.

Germanique ton maire. Les Français raillent les Germains

Depuis quinze ans, Nantes est gouvernée par un prof d’allemand de l’est. Fallait bien que ça serve un jour. Ayrault va pouvoir s’engager comme traducteur auprès de l’entreprise allemande, Eichholtz GmbH, qui pose depuis la mi-avril les 2 km du tronçon Trocardière-Bouguenais de la ligne 2‑Sud. Eichholz dont le site internet ne jacte que l’allemand, n’a ni succursale ni bureau commercial en France où elle n’a jamais travaillé, mais bon, il fait bien commencer. Pour ce chantier de 18 mois employant une cinquantaine de personnes, Eichholz travaille en V.O. Un ingénieur bilingue, un seul, a été recruté, importé d’Allemagne. Laissés au bord du rail, les professionnels tricolores souhaitent bon courage au bizuth : “La Semitan a des méthodes flicardes. Pour mettre la pression sur les entreprises, ils envoient régulièrement un genre de garde champêtre faire une inspection en catimini entre midi et deux, ou des ingénieurs le soir, ou la veille de week-end. Et les reproches tombent par fax, obligeant a faire une réponse écrite.” Une relation de défiance, comme si la Semitan préparait en permanence le contentieux. Alors que les réunions de chantiers ne manquent pas pour régler ces détails. Mais désormais, on y passera le double de temps, s’engueulant en langue de Molière et de Gœthe. C’est d’un chic. À la prochaine extension de tram, promis, Ayrault pousse jusqu’à Sarrebrück.

Mainguet. Chute de cheminée minée

Les riverains de l’usine Mainguet à Rezé viennent de redécouvrir des traces blanches et grasses, flottant en surface de Loire. Ça serait pas du suif, des fois ? De quoi douter de l’efficacité de la station d’épuration flambant neuve qui rajoute son odeur de purin au paysage olfactif local. C’est pas tout. Le 13 janvier dernier, à 5 h du matin, l’imposante cheminée d’évacuation du biofiltre de la suifferie Mainguet, à Rezé, s’écrabouille 30 m plus bas. Rongée par l’oxydation, on l’a vite remplacée par une nouvelle cheminée, cette fois tubée d’inox. Énième avatar du feuilleton Mainguet, cette chute qui n’a fait aucune victime inquiète pourtant des riverains, échaudés par des années de péripéties diverses. Elle révèle en outre un défaut d’entretien et de vigilance dans une installation, certes classée, mais que les facéties de la réglementation ont confié à la surveillance à la Direction des Services Vétérinaires. Des fois qu’une vache niche en haut de la cheminée.

Parlemention passable. Le général tire au flanc

Selon le site europarliament.net, Philippe Morillon, ancien général et chef de file de la liste UDF aux Européennes, autodéclaré “Européen convaincu et patriote” (à en croire Ouest-France du lundi 7 juin), n’arrive qu’en 244e position des 626 eurodéputés pour son assiduité au cours de la dernière mandature. C’est toujours mieux que le villiériste vendéen Dominique Souchet (365e), ou le socialiste quimpérois Bernard Poignant (506e). Faut dire, c’est loin l’Europe. Et tellement mal fréquenté.

Charité bizness. Les bonnes œuvres média de La Région

Le premier vote budgétaire du conseil régional tout rose innove en subventionnant Ouest-France. Une décision du 15 décembre dernier sous le règne de Fillon. Pas remise en cause. La DM1, Décision modificative n°1 accorde ainsi royalement à Ouest-France multimédia Info une subvention de 35 880 euros “pour la production en 2004 d’une émission hebdomadaire de web TV dédiée à l’économie de la Région”. Chaque émission “Terre d’excellence” traite d’une entreprise ligérienne en 6 mn. Pourquoi une telle prestation n’est-elle pas réglée sur factures, mais par une subvention, comme on donne aux bonnes œuvres ? Interrogés par Lulu, Région et Ouest-France font les étonnés, ne savent pas pourquoi. Subito, ces subsides subjectifs subodorent les services subséquents.