Tutu-panpan télé chez les Kervégan

Publié par lalettrealulu le

Tank il y aura des hommes

L’envoyé spécial à Lulu a lâché 40 euros pour le spectacle avec l’élite média du cru. Qui l’eût cru ?

À vos programmes télé : bientôt deux chaînes à Nantes. Fidèle à sa devise : “Pour l’encouragement des intelligences, des savoirs et des talents dans la métropole Nantes Atlantique”, l’Institut Kervégan, cet éminent think tank à la Nantaise, dînait-débattait le 10 mai au CCO pour digérer “la place des médias dans la métropole”. Arriver à l’heure fait rater l’apéro où le kir est dédaigné, trop commun, au profit du pur malt – un seulement – offert aux décideurs stylés qui décident avec style. Les tables rondes de huit convives (linge de table damassé blanc, couverts élégants, fleurs) reflètent le bon goût bourgeois, loin d’une ambiance cheap de mariage pouêt pouêt.

Chut, “Président” prend la parole. Petit topo d’accueil, subtilement teinté d’un soupçon d’autosatisfaction bien rodée. Par “Président”, comprendre Jean-Joseph Régent, le bien-nommé, qui exerce son magistère sur le club depuis bientôt trois décennies.

Entrée dans le vif du débat. On suffoque d’indignation : l’estuaire est partiellement exclu de la zone de diffusion des futures télés nantaises (zone rouge, ou classée Seveso ?). Avant de ricaner à l’évocation d’un deuxième appel d’offres, indispensable pour couvrir de zone des proscrits ! Tant pis pour les Nazairiens !

“Président” présente Bruno Hervieu, grand chef à Presse-Océan, qui assomme son auditoire en remontant à Théophraste Renaudot et assène que “l’information ne doit pas être une source d’accablement nécessaire”. Plus accablant : il n’y a toujours rien à becqueter… Arrivent enfin les assiettes nordiques. 15 minutes chrono pour tout avaler sans postillonner aux nez de ses convives.

Frédéric Hertz, directeur de TVNA déballe sa grille des programmes : 26 mn de JT quotidien, sept jours par semaine, cinq JT hebdos consacrés au FCN, des magazines thématiques donnant la parole aux citoyens, de l’actu sportive de quartier, un magazine matinal jeune public, des programmes courts sous-traités… Avec le filet de sandre au beurre blanc, Benoît Perdoncin, grand vectoriste de Télénantes révèle son secret : “La télévision doit être vecteur de citoyenneté”. Hochements entendus. Autre initiateur de Télénantes, Patrick Ardois nargue la Socpresse, admettant un certain bon vouloir de laisser à la presse régionale une nécessaire tranche d’expression. Quelques gorgées de travers saluent l’arrogant…

Au dessert, Dominique Luneau, directeur général de Télénantes, tartine ses quatre mots d’ordre, “mettre en valeur, surprendre, comprendre et rassembler”, sur le feuilleté aux fraises. “Président” harangue le public, réclame des questions “aux jeunes” (quels jeunes ?) d’une assemblée de quadras-quinquas aussi tassés que le whisky de l’apéro.

Personne ne demandera “quand ça commence ? Comment tenir des délais si courts ? Quand vont se constituer les équipes, journalistes, présentateurs ? Dans des locaux partagés ou non ?”. Comme on en est déjà au café-mignardises, ces salades, internes qui plus est, tout le beau monde s’en tape.