Le maire, héros de l’aire
Punishment park
L’implantation d’une aire d’accueil des gens du voyage soulève un nouveau tollé, à Carquefou cette fois. Le centre médical voisin a fait donner tous les arguments médicaux possibles pour tenter de rejeter le projet de terrain que la commune doit établir, pour ne pas être plus longtemps hors la loi Besson. Une trentaine de malades au centre de réadaptation des Briords, 150 personnes prévues dans le campement des gens du voyage. Les toubibs mettent en avant la disproportion des deux populations et l’inévitable “crainte des incidents”, si jamais il devait y avoir “des contacts avec les gens du voyage”. Pour apaiser ses administrés, le maire de droite Claude Guillet a des arguments punitifs à la clé : “L’aire d’accueil sera ouverte par la police municipale. Les papiers de la caravane seront gardés en mairie pendant la durée du séjour. Pas d’anonymat des personnes résidantes*”. Il faudra régler un acompte pour l’eau et l’électricité et “le terrain sera clos, éclairé et les ouvertures “entrée” et “sortie” munies d’un système de contrôle” informatisé. Une annonce doublement idéale, tant pour rassurer les gadgélecteurs, séduits par le discours d’enfermement de ces indésirables à roulotte, que pour décourager les gens du voyage eux-mêmes, déjà dotés de carnets de circulation pour pister leurs allées et venues. Voilà mieux pour leurs escales : la police aux entrées, les papiers confisqués. Pourvu que ces voyageurs ne se constituent pas prisonniers avant l’ouverture du terrain, prévu en 2006. Faudrait les enterrer vivants, sous une bonne couche de barbelés.
* Presse-Océan, le 23 octobre 2004.