Ils sont partout
Taïaut ! Taïaut ! Taïaut !…
Notre confrère d’Ancenis La Chaussette a consacré* un passionnant dossier à l’une des perles de la presse française : L’Écho d’Ancenis. Où Landrain joue les magnats secrets.
Fondé en 1945 sur les décombres du Journal d’Ancenis interdit à la Libération pour collaborationnite aiguë, L’Écho d’Ancenis est dirigé depuis 1951 par un certain Jacques Chaduc, intégriste ultra conservateur, défenseur de l’Apartheid, virulent pourfendeur de l’IVG… Un humaniste comme on n’en fait plus.
En 71, Chaduc n’hésite pas à écrire qu’il préfère « ceux qui de tout cœur, quand tout était à refaire en France, au risque de tout, ont dit « Maréchal nous voilà ». N’en déplaise à certains, l’air était plus pur à ce moment là (…)» Ouvertement lepéniste, à 78 ans il signe encore les éditos de L’Écho d’Ancenis. En avril dernier, il va jusqu’à écrire, relatant l’agression physique de Le Pen sur une élue socialiste : « M. Le Pen a eu tort de croire que la femme est l’égale de l’homme et qu’il y avait lieu de la laisser l’invectiver. S’il avait eu au moins le bon sens de lâcher sur les troupes de la belle son service d’ordre il n’aurait pas eu d’ennuis. Du moins nous le supposons, car si un quelconque corsage à moins que ce ne fut un quelconque soutien-gorge fit les frais de l’algarade la dame outragée ne perdit rien de son intégrité physique. »
Une prose tout en délicatesse qui ne semble pas gêner les coactionnaires de Chaduc dévoilés par La Chaussette, parmi lesquels le député-maire UDF d’Ancenis Édouard Landrain, l’ancien président du conseil général et toujours sénateur RPR Charles-Henri de Cossé-Brissac, l’ancien ministre Hervé de Charette, le maire UDF de Champtoceaux Alain Levoyer** et même un vieux cheval de la presse nantaise, l’ex-éditorialiste de PO Michel Bodiguel soi-même.
Interrogé par Lulu (les autres sont « en réunion » perpétuelle…), Bodiguel qui « s’est vraiment investi dans ce journal il y a de nombreuses années » reconnaît aujourd’hui avoir « honte » de voir son nom dans l’ours*** du vilain canard. « J’ai demandé que mes parts soient rachetées mais ça a toujours été refusé par le conseil d’administration. Je suis coincé. En désaccord total avec l’idéologie de L’Écho d’Ancenis, je n’y ai pas écrit une ligne depuis plus de dix ans. » Considérant Chaduc comme « un type dangereux », Bodiguel est entré en résistance : « Chaduc signait ses éditos « L’Écho », j’ai réussi à ce qu’il signe sous une rubrique « libres propos»… J’ai même foutu à la porte Arnaud de Périer (aujourd’hui conseiller régional lepéniste) qui y travaillait. À un moment, la photocopieuse du journal tournait pas mal pour le FN…»
Quant aux étranges accointances politico-médiatiques de ses coactionnaires, Bodiguel se borne à remarquer que « ces élus locaux qui ont décidé de soutenir financièrement L’Écho d’Ancenis sont surtout ceux de la mouvance Landrain. » Il est vrai que le vrai-faux journal municipal d’Ancenis n’a jamais été avare de son soutien à Doudou-la-buvette, surtout en période électorale. La presse, ça donne soif.
* 4 mai 98. La Chaussette, « le vrai journal indépendant ancenien », dans les bons kiosques (mensuel, 10 F).
** Notaire dans le civil, Levoyer a été condamné en 96 pour quelques indélicatesses (voir Lulu n°10, avril-mai 97).
*** Cartouche administratif d’un journal.