Sucé damné de bourg-parking
Maladie de parking
La charcuterie urbaine ne supporte par le pâté de maisons. À Sucé-sur-Erdre, les pratiques dignes des années 70 ratiboisent des maisons de deux ou trois siècles pour étaler un parking hyper central.
Sucé-sur-Erdre, alias la « Perle de l’Erdre » est un bourg périurbain pétillant de charme campagnard. Qui risquait donc de végéter. Heureusement, les édiles ont compris que la nature a horreur du vide, et préparent un avenir qui fera date dans l’histoire de l’urbanisme du XXIe siècle. Il est prévu de ratiboiser un méchant pâté de vieilles maisons en plein centre, véritable gêne au stationnement automobile. Pensez, ces bicoques datent du XVIIIe et du début XIXe. Du temps où l’on n’avait pas pressenti le plus ardent droit de l’homme : garer son 4x4 à moins de quatre pas du commerçant du centre-bourg. Hormis la connotation érotico-acidulée de son nom, Sucé reste une commune résidentielle chic depuis le temps des villégiatures pour évêques (Il fallait bien que vieillesse se passât) et des folies nantaises du XIXe. Aujourd’hui quelques nouveaux riches, comme l’éminent Joseph Fourage, collectionneur d’hypermarchés, le joaillier Daguzé, quelques footeux et autres hères font sérieusement reculer le taux de rmistes au mètre carré. Jusqu’ici menée par un certain Serge Drouet, pharmacien, qui ne se représente pas, la municipalité a par exemple refusé d’entrer dans la vulgarité de la communauté urbaine. Le brave maire est légèrement mis en examen pour une légère histoire de marais protégés légèrement attaqués au bulldozer. Il faut bien occuper sa retraite politique. Le brave homme part en laissant un projet urbain de parkingnisation de l’espace, une sorte d’écomusée de l’urbanisme des années soixante-dix.
La logique vroum vroum
Le projet, pour l’instant décliné en plusieurs hypothèses par le cabinet nantais d’urbanisme Paysages de l’Ouest, envisage de raser un pâté de maisons occupant 32 parcelles du cadastre qui jouxte l’église, pour le transformer en 60 places de parking avec quelques constructions et un joli schéma de pénétrantes pour accéder à ce miracle de bitume.
Il y a déjà plusieurs aires de stationnement vides la plupart du temps à cent mètres de là, mais il ne faut pas se refuser un peu de macadam frais. Bâtisses bicentenaires aux fenêtres cernées de tuffeau, le paquet de maison n’a pourtant rien de moche. Mais que diantre, du passé faisons table rase.
En matière de table, il y en a bien eu quelques unes, version pliantes, sur l’ancien camping de la Papinière, mais on les a virées il y a dix ans. Quelques agaçants et très bas revenus vivaient là, au bord de l’Erdre ce qui était déjà injurieux pour le standing communal, mais en retard de paiement de leurs mobile homes par là dessus. Le seuil de tolérance du gueux impayeur était dépassé. Fermeture définitive ! On prétexta une « désaffection des usagers », et les cours de l’immobilier en soupirèrent illico d’aise. Inscrit au POS en zone naturelle pour activités de loisir et de tourisme, un tiers du terrain a été déclassé et cédé à un promoteur, bafouant ainsi la volonté de celui qui a fait don du terrain à la commune, mais les documents concernant ce « legs Burot » sont curieusement introuvables depuis quelques mois dans les archives communales. Président de la Fnaim en Loire-Inférieure, promoteur préféré de la commune, Patrick Périon, qui passe pour être l’adjoint fantôme à l’urbanisme et au mètre carré juteux, s’est fait gentiment céder 2,4 MF au bout de ce terrain pour construire un bel hôtel quatre étoiles. Un prix-cadeau, autour de 200 F le m2. Le tarif d’un parking. Décidément, Sucé cultive la référence parking.