Ayrault en a plein L’Hebdo
Des chiens !
Ce n’est pas parce que la campagne des municipales est chiante comme la pluie que la presse doit se contenter de la météo.
La nouvelle est tombée la veille du dernier conseil municipal de Nantes, à la une de L’Hebdo de Nantes* : « Ayrault condamné ». En guise de condamnation, le tribunal administratif a simplement annulé, pour irrégularités, le système de notation des agents communaux mis en place depuis 1989. L’info méritait d’être révélée, même si le titre est jugé aujourd’hui « un peu excessif » par Hubert Coudurier, le nouveau patron de L’Hebdo, prêt à tout pour relancer son titre. Opération réussie : les ventes de ce numéro décollent. Jean-Marc, lui, ne décolère pas. Il porte illico le pet en justice pour diffamation, à la grande joie de Coudurier qui se fait de la réclame gratis et raconte partout que d’autres révélations vont suivre. Simple opération commerciale ? Pas si sûr. Une semaine plus tard, Louboutin reprend l’info dans son Nouvel Ouest, agrémentée d’une seconde révélation : Yannick Vaugrenard, patron du PS de Loire-Atlantique et fidèle porte-flingue de Jean-Marc, dispose d’un emploi de “journaliste” au cabinet du maire de Nantes, grassement rétribué sans qu’on ait jamais vu l’ombre d’une ligne de sa main dans un quelconque canard. Comme qui dirait un emploi fictif. Faut-il le rappeler, entre L’Hebdo de Nantes et le mensuel de Louboutin, qui ne cache pas ses opinions ancrées très à droite, existent des participations croisées. De là à croiser ses infos…
Dans le microcosme politico-journalistique nantais, personne n’ignore que l’info sur Vaugrenard a été généreusement distillée par le staff de campagne de Jean-Luc Harousseau, puisque tout le monde ou presque l’a eue. Louboutin a tiré le premier, ce qui est son droit, voire sa droite. Reste l’info du tribunal administratif. Personne n’avait fait gaffe à ce jugement tombé fin décembre. L’article, écrit sous pseudo par un ancien de RFLO pas vraiment en odeur de sainteté à la mairie, sort un mois après… Pile poil pour le conseil municipal où Céline Barré, conseillère d’opposition, a justement prévu de poser la question au maire. « C’est Bonnemaison qui a refilé l’info à L’Hebdo », glisse-t-on sous cape dans les rangs de la droite. Ancien journaliste condamné pour des écrits anonymes contre un dirigeant de France 3**, aujourd’hui militant pasquaïen, Joël Bonnemaison est aussi un ami très proche de la petite Céline Barré. La vie a de ces bizarreries…
Tout cela ne risque pas d’arranger la parano anti-presse d’Ayrault, surtout à quelques semaines des municipales. Lors du traditionnel déjeuner de presse qui suit le conseil municipal, il n’a pas de mots assez durs pour fustiger L’Hebdo : « C’est digne de Minute », s’étrangle-t-il entre la poire et le fromage. Dès le lendemain, le petit doigt sur la couture, Ouest-France se fend d’un papier où, reprenant le communiqué de presse de la mairie, il précise à ses lecteurs « qu’en aucun cas » le député maire de Nantes ne saurait être mis en cause par la décision du tribunal administratif, et réserve l’essentiel de son info à la plainte d’Ayrault contre L’Hebdo, sur un ton très méprisant pour son petit confrère. Pauvre Jean-Marc, les journalistes sont vraiment méchants avec lui. Heureusement, Ouest-France est là pour le consoler.
* 24 janvier 2001.
** Voir Lulu n° 22, février 1999.