Le coup du lopin
Blain les poches
Gilles Heurtin, le maire de Blain, n’a pas le sens des affaires. Il vient de se faire rouler dans la farine par une des ses propres conseillers municipaux, Paul Bourigaud, qui lui a fourgué un terrain une fois et demie plus cher qu’il ne l’avait acheté deux mois plus tôt À moins que M. le maire n’ait fermé les yeux sur cette étrange transaction, qui fait aujourd’hui hurler l’opposition municipale. Allez savoir.
Le 16 décembre 98, Paul Bourigaud, membre de la commission d’urbanisme, achète titre personnel un terrain en bordure du lycée Camille-Claudel, au prix de 78,43 F le mètre carré. La commune, informée, n’exerce pas son droit de préemption. Le 5 novembre de la même année, le conseiller signe une promesse de vente à la mairie, soudain intéressée, pour une partie de cette même parcelle, au prix de 115 F le mètre carré. Soit une plus-value de 46,6% en moins de deux mois. Au passage, le conseiller en profite pour revendre à la Ville une parcelle voisine, toujours au prix fort de 115 F. En revanche, la mairie se montre beaucoup moins gourmande quand il s’agit de céder ses terrain au bon Paul, puiqu’elle lui offre dans la foulée un grand terrain, toujours dans le même secteur, au prix défiant toute concurrence de 30 F le mètre carré. Certaines mauvaises langues affirment que ce petit cadeau est une manière de remerciement au bon Paul, qui ne compte pas ses heures à la mairie. C’est mignon tout plein. Mais, si tel est le cas, M. le maire, tâchez de faire plus discret la prochaine fois. Les documents administratifs, c’est comme les interrogatoires musclés : ça laisse des traces.