La tagtique du gendarme

Publié par lalettrealulu le

Bombinettes

Foudre, tonnerre, éclairs ! Mais qu’ont donc commis les dénommés Mest et Amer pour encourir ainsi l’ire du tribunal ? Rien moins qu’une « agression visuelle » a tonné le représentant du parquet à l’audience, M. Poumeau de Lafforest. En février, bombe de peinture en main, persuadés que, somme toute, leur virée nocturne ne nuirait pas au décor déglingue, les deux apprentis Basquiat arpentent le port, ses tas de ferraille, ses friches et ses murs patinés. Du pont Anne-de-Bretagne à celui des Trois-Continents, leurs tags jalonnent le paysage. Comme un seul homme, SNCF, Mairie de Nantes et Port autonome s’insurgent contre les terroristes de la bombe de peinture. Le seul Port autonome, facture de nettoyage à l’appui, réclame plus de 10 000 F. Une facture un peu rapide, les tags n’ayant pas encore été effacés. Il serait déplaisant d’y voir un genre de facture antidatée sans le moindre travail de nettoyage, que des petits malins appelleraient une fausse facture. Il ne s’agit que d’un contretemps, un vulgaire aléa de calendrier.

Le tribunal a condamné les gaffeurs graffeurs à trois mois de sursis avec obligation d’effectuer 160 heures de travail d’intérêt général, et de réparer les dégâts, soit 16 000 F à rembourser aux trois parties civiles. Juste histoire de comparer, le 22 mai 1997, ce même tribunal – mais pas les mêmes juges – a condamné deux jeunes taggers de la gare de Pont Rousseau à Rezé à 40 heures de TIG alors que le parquet avait requis deux mois de prison avec sursis et 60 à 70 heures de TIG. Les traces du passage des agresseurs visuels sont toujours là, sur le parcours nocturne. Depuis, un bus des transports en commun joliment couvert de tags, a été achevé par d’autres artistes/ agresseurs (biffez la mention inutile) visuels.