Coup d’épistolier : un flic touché
Dico d’or
Jean-Pierre Atthenont, le président du tribunal de grande instance de Nantes, s’est fendu d’un courrier au directeur de la sécurité publique du département (le keuf des keufs). Objet de la missive : la teneur du rapport annuel du superflic relatif aux « observations et commentaires sur la criminalité et la délinquance » à Nantes. En termes choisis : « Il y est en effet indiqué après un paragraphe qui relate, de façon positive, les relations avec le parquet de Nantes : « Les relations entre les magistrats instructeurs sont également excellentes. Par contre, certaines décisions de juridictions de jugement paraissent parfois étonnantes aux yeux des policiers. » Je suis certain qu’il faut lire dans la première phrase de la citation « avec » au lieu de « entre » et qu’il s’agit d’une faute de dactylographie. Je ne pense pas, en revanche, que la deuxième phrase relève de l’erreur de plume et je regrette que vous ayez pu vous autoriser à porter, dans un rapport officiel, une appréciation sur des décisions rendues par les juridictions de jugement. Une telle attitude me paraît méconnaître le principe de la séparation des autorités administrative et judiciaire. Elle me semble aussi révéler une méconnaissance certaine du débat judiciaire dont le contenu est étroitement associé à la qualité de l’enquête préalable. »
Et de conclure : « Si tout fonctionnaire de police, comme chaque citoyen, peut penser ce qu’il veut des décisions de justice, il ne m’apparaît pas, en revanche, acceptable qu’un responsable d’un service déconcentré de l’Etat se permette de porter un jugement de valeur sur les décisions juridictionnelles (…) » Avec copie au préfet, au procureur et aux magistrats du siège. Tout ça parce que le poulet-en-chef a écrit « par contre » au lieu de « en revanche » ?