L’évasion dans les talons
Passe muraille
Nantes est une ville étonnante. À la mi mars, le procureur perquisitionne au commissariat central de Nantes, flairant des violences de bureau et des interrogatoires contondants. Interpellé au sein d’un trio de « durs », un suspect, Modjahab Gouletquer a des hématomes qui ne sont pas des décalcomanies. Le procureur déclare alors : « Les arrestations ont été très mouvementées. Il y a même eu une évasion spectaculaire des bureaux de la police judiciaire. Il a fallu beaucoup d’efforts pour ramener les intéressés au calme. » Cette étonnante évasion a eu lieu dans les locaux de la Police judiciaire, rue des Marsauderies. Entre deux entretiens ‑ici courtois‑, le suspect est mis à l’écart dans une pièce de détention. Le bonhomme ayant quelques nerfs en réserve, décoche un coup de pied dans le mur. Qui s’effrite. En simple placoplâtre, la cloison cède vite. Trou, recoup de pied, trou plus grand et hop, par ici la sortie. Il repart à pied dans son quartier, cherche à s’éloigner vite de Nantes, trouve un pote qui l’amène en voiture vers une copine qui pourrait prêter sa caisse. Problème : elle habite juste à côté du commissariat. Problème vite réglé : le fuyard et son chauffeur sont arrêtés avant, en plein centre ville, par un banal contrôle de police au faciès. Retour à la case départ. Sauvé par ses pieds, l’évadé s’est fait reprendre par sa tête.